Editorial de la Lettre de janvier 2008

par Rémy Chevrin

by Rémy Chevrin AFC newsletter n°172

L’année se termine avec ses hauts et ses bas : je ne ferai pas de rétrospective sur les différents événements qui se sont déroulés, mais il est un point sur lequel je voudrais m’étendre, c’est le coup de tonnerre qui vient de se passer dans le domaine des laboratoires cinématographiques français. Quinta Industries a racheté la totalité des parts d’Eclair qui lui manquait. La nouvelle est tombée, il y a quelques jours et je ne crois pas me tromper en affirmant qu’elle plonge l’ensemble des directeurs de la photographie dans une certaine perplexité. Et l’AFC n’est probablement pas la seule instance à se poser des questions aussi bien sur l’avenir de notre travail que sur la qualité des services offerts. Car, à travers cette reprise, quand parle-t-on cinéma et image ?

Depuis de nombreuses années, nous avons été habitués à des changements, des regroupements qui parfois redynamisaient une entreprise ou tout du moins la modernisaient : c’était une nécessité si ce n’est une obligation face à l’émergence de nouveaux outils et de nouvelles technologies. Les compétences de chacun ont été reprises parfois modifiées et d’autres compétences, d’autres postes de travail sont apparus. Mais sans jamais vraiment oublier la valeur première du travail, la qualité et l’engagement de chacun auprès des images que nous fabriquons.
Les entreprises, mais surtout les hommes qui font ces entreprises, sont nos partenaires les plus proches.

Le rapprochement des laboratoires français en une grande entité nous amène bien naturellement à se poser la question de la continuité du service et de la qualité qui l’accompagne mais aussi au devenir des hommes et des compétences. Nous nous battons depuis un certain nombre d’années pour la pérennité de notre travail et la transmission du savoir-faire : elles ne peuvent avoir lieu que si les échanges intergénérationnels existent et dans les deux sens et que le sang neuf d’une génération montante puisse se nourrir aussi des compétences et de l’expérience des plus anciens.
Or chaque regroupement qui a pu avoir lieu dans le cinéma français ces dernières années a prouvé que l’on négligeait cette partie primordiale de l’apprentissage et de la transmission du savoir-faire : les plus âgés partent sans que l’échange n’ait pu avoir lieu.

À ce rythme, la qualité des services et du travail peut être altérée… Mais je n’ose y penser.
Nous sommes avant tout, dans ce milieu des industries du cinéma, des gens raisonnables, passionnés, intimement convaincus que c’est le dialogue, les consultations, les échanges et les questions posées entre professionnels qui structurent et améliorent nos diverses professions.
En ces temps brouillardeux, il est indispensable de rester unis et forts, de ne pas avoir peur de se poser les bonnes questions et surtout de se regrouper au sein d’une même idée, une même ambition : le développement encore plus accru de notre travail et de sa représentation dans le monde. A ce titre, l’AFC est et restera le partenaire indispensable des réflexions que nous apportent les transformations technologiques. Elles ne peuvent pas être qu’une question d’argent : nous sommes les acteurs mêmes de cette industrie et il s’agit des mutations de nos outils.

Nous représentons un certain poids dans l’industrie cinématographique européenne : nos techniques et nos hommes s’exportent de plus en plus et sont reconnus par l’ensemble des cinéastes et producteurs du monde entier.
Il est nécessaire de savoir comment nos outils de travail vont évoluer et donc de donner une partie des clés pour le futur.
En restant groupés et solidaires, en travaillant ensemble et en parlant d’une voix unie, nous serons écoutés, respectés et entourés de nos partenaires et membres associés, plus forts pour affronter les mutations et les marchés voisins car nous sommes les premiers partenaires de nos industries sans qui nous ne pourrions travailler et sans lesquels elles n’existeraient pas.