Editorial de la Lettre de mai 2007
par Rémy Chevrin« Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas les faire, c’est parce que nous n’osons pas les faire qu’elles sont difficiles. » Sénèque
En cette année d’élection, l’AFC n’a pas failli à la tradition et suite à l’Assemblée Générale Ordinaire du 24 mars, je me retrouve face à la difficile tâche de la relève. Par où commencer et de quelle manière ?
Ceux qui m’ont précédé ont placé notre ambition très haut et je tiens à rendre hommage au travail titanesque des présidents de ces dernières années au sein de l’association. L’ensemble des activités a parfois été effectué dans des conditions périlleuses : en effet le temps, les énergies de chacun sont difficiles à canaliser et à synchroniser face à l’ambition des projets. Je n’oublierai pas non plus la présence forte de nos associés tout au long de l’année, à travers l’ensemble des manifestations qui font la fierté de l’AFC : ils nous apportent les soutiens indispensables au fonctionnement de l’association.
Les prochains mois vont être décisifs : de nombreux rendez-vous sont pris (Cannes et la présence du stand AFC que nous partageons avec celui de la CST, Nuit blanche parisienne), des évènements sont en marche comme la préparation des Lumières III et IV. Il faut continuer à donner à notre association les moyens nécessaires pour que l’ensemble de ces projets puisse continuer à voir le jour. Je voudrais cependant rappeler que notre association est fragile, qu’elle manque souvent cruellement de mains pour mener à bien les activités qui font notre force et notre réputation : succès du Micro Salon, manifestation incontournable et très appréciée du milieu du cinéma, projections d’avant-première, moment chaleureux de rencontres, Lettre de l’AFC, lien indispensable entre nous tous, édition des Cahiers Lumières, etc. Notre présence à Cannes doit être le reflet de notre engagement et de nos ambitions : tant d’illustres directeurs de la photographie présents en quelques jours pour présenter un film mais aussi pour rencontrer ceux qui font un autre cinéma. N’est-ce pas le lieu unique où les cultures et les différences peuvent se mélanger, quelle richesse… et il n’y a pas nécessairement besoin d’avoir un film en compétition pour s’y rendre et apprécier ces rencontres !!!
En me proposant au poste de président de l’AFC, j’aimerais aussi proposer une autre vision de notre association, un souffle nouveau. Il est probablement temps de se reposer la question de ce qu’est l’AFC, de son mode de fonctionnement, de l’engagement que l’on accepte en s’y joignant, de ce qu’elle doit apporter au sein d’un milieu en proie à des doutes, et à une révolution technologique amorcée. Nous devons aussi réfléchir à la portée de nos activités qui, en ces temps de mondialisation doit s’ouvrir vers l’étranger et l’international. Nous n’en serons que plus écoutés, plus crédibles au regard des autres. Plusieurs thèmes viennent à mon esprit :
- Innover dans nos activités : rencontres et invitation de DP étrangers, construire des relations solides entre professionnels et jeunes entrant dans le métier
- Défendre la qualité de notre travail en faisant entendre notre voix auprès des instances officielles et en participant au combat de tous les jours
- Développer des relations encore plus fortes et plus proches avec nos membres associés (développer des journées portes ouvertes pour mieux connaître les associés, construire des relations privilégiées avec les directeurs de la photo). Nous devons nous rencontrer plus souvent, rester en contact et solidaires face aux mutations et au danger de l’éclatement de nos industries.
- Se rassembler autour de ce qui fait vivre le cinéma (représentation forte des directeurs de la photographie AFC au festival Camerimage, …)
- Faire vivre l’édition de Lumières en bilingue pour toucher un ensemble plus vaste de professionnels
- Etre plus en relation et en échanges (rencontres entre DP) au sein des diverses associations
- Faire respecter notre créativité, notre spécificité, notre artisanat face à la montée des solutions d’images formatées
- Organiser une structure parallèle autour de nos éditions pour faciliter le développement potentiel de chacun d’entre nous…
- Enfin ouvrir notre association vers des opérateurs étrangers membres d’honneur, créant ainsi une proximité plus forte avec d’autres associations de directeurs de la photographie.
Les idées de chacun sont multiples et ce sont nos propositions et notre ambition qui amèneront les moyens nécessaires à la réalisation des projets.
Je crois cependant que pour mener à bien l’ensemble des multiples activités et évènements qui fourmillent dans l’esprit de nos membres actifs et associés, l’on se doit de réformer le système de fonctionnement propre de l’AFC afin que l’ensemble des activités soit réellement partagé en temps et en responsabilité. Nous sommes près de cent directeurs de la photographie : c’est un potentiel énorme, grâce auquel notre association, une fois réorganisée et réformée, pourra devenir ce que chacun espère. Un lieu convivial, accueillant, un lieu vivant, un lieu d’échanges. Cela passera peut-être par une réflexion sur des locaux différents. Nous nous devons d’être ambitieux, mais aussi novateurs... N’ayons pas peur des changements : n’est-ce pas ce qui redynamise une institution ? L’AFC en a besoin pour continuer à vivre avec les idées de tous et les forces de chacun. Notre association a probablement atteint un moment de maturité et d’ambition où il est temps de repenser sa structure. Les nombreux jeunes directeurs de la photographie qui sont venus nous rejoindre, porteurs d’un regard différent sur l’AFC, attendent une nouvelle dynamique. On ne fait pas partie de l’AFC pour être spectateur mais acteur et même pilier. De multiples projets sont nés ces dernières années, bien d’autres doivent voir le jour dans les mois qui viennent, portés par l’ensemble de nos membres actifs, et soutenus par nos associés.
Soyons sûrs de nous et portons le combat de l’AFC là où il a toujours été et où il se doit de rester.