En hommage à Pierre-William Glenn, AFC

Texte lu par Gilles Porte, AFC, lors des obsèques au cimetière de Montreuil

par Gilles Porte Contre-Champ AFC n°360


Si Pierre-William n’avait pas un jour imaginé l’AFC sur une nappe en papier en compagnie d’Henri, Raoul, Ricardo, Georges, Robert, Alain et Denis, nous ne nous nous serions sans doute jamais rencontrés avec Vincent, Agnès, Carlo, Nathalie, Romain, Sarah, Eric, Pascale, Jean-Noël, Claude, Jean-Marie, Elin, Michel, Marie, Marc, Caroline et tous les autres que je ne peux citer dont beaucoup sont présents aujourd’hui... L’AFC, c’est un "Collectif" et cette notion de "Collectif", Pierre-William y tenait beaucoup, beaucoup, beaucoup...

Bertrand Tavernier avec qui Pierre-William a travaillé sur sept films disait de lui :
« Ce que je dois à Pierre-William est énorme ! Au-delà de me soutenir dans des choix de cadres, des plans, des idées, des images, il m’a donné confiance. »
Nous sommes très nombreux ici à avoir bénéficié de ses encouragements et de sa formidable énergie. Sur un plateau... Au sein d’une association... En bas d’un grand écran... Derrière un appareil de projection... Sur les bancs d’une grande école de cinéma ou derrière la direction d’une de ses grandes écoles... En marge d’un Festival... Voire au guidon d’une moto... de préférence anglaise... pour aborder une courbe.

Je ne vais pas ici énumérer tous les événements qui doivent énormément à la présence de Pierre-William et encore moins tous les films sur lesquels il a travaillé car j’ai promis à ses enfants de ne pas être trop long.
Amélie... Julie... Lucille... Vincent... Vous m’avez fait le privilège, récemment, de vous accompagner au milieu des derniers cartons de votre père. Jamais je n’oublierai cette errance entre la Maison des Artistes, de Nogent-sur-Marne et Montreuil, où habite Vincent. Une traversée qui vaut bien toutes les croisières du monde avec les filles de Pierre-William à l’avant du véhicule, prêté généreusement par Transpa - la société fondée par son pote Didier Diaz - et son fils, à l’arrière, enfermé dans l’obscurité du 14 m3, assis sur l’énorme fauteuil de Willy qui ressemblait, avouons-le, plus à un trône qu’à un strapontin. Ça l’aurait bien fait marrer Pierre-William ce voyage, lui qui m’a confié, à la veille de sa mort, que s’il était conscient qu’il avait commis beaucoup d’actes de folies au cours de son existence, il regrettait aujourd’hui une chose : celle de ne pas en avoir commis davantage !
Que Pierre-William compte sur moi pour essayer de continuer sur cette voie grâce, notamment, aux chaussures que vous, les enfants de Pierre-William, m’avez généreusement confiées.
Tout à l’heure je regardais mon pied droit sur la moto, et je me suis arrêté sur une petite marque qui caractérise les leviers de vitesse des motards sur la chaussure blanche de votre père... Je me suis alors demandé si Pierre-William, qui était toujours d’une élégance rare, aurait protégé sa chaussure sur un périph qu’il n’aura jamais vu de son vivant être limité à 50...

Si Pierre-William aimait la vitesse, l’action, le combat, le dialogue, le sens des répliques qui fusent, les coups d’accélérateur, le bruit des pots d’échappement, il aimait aussi beaucoup, mais vraiment beaucoup, les silences et la musique surtout quand elle était issue d’une nuit américaine...