Entre deux trains

Long Time No See
Ce film, constitué d’une douzaine de plans-séquences, s’est tourné en cinq jours. Le pari était de se fondre dans la foule de la gare d’Austerlitz et dans le public, plus clairsemé, du Jardin des Plantes et de la Grande Mosquée.

Nous avons répété sur les lieux la semaine précédant le tournage avec les acteurs, une répétition mécanique la veille du tournage et rarement plus d’une prise, s’il n’y avait pas de problème technique. Il faut dire que Laetitia Edo, Pierre Rochefort et leurs collègues étaient excellents et très professionnels : on n’a jamais refait une prise à cause d’une faute de texte ou de placement ! Et on avait des plans de plus de 10 minutes…

Mon choix de départ s’était porté sur une RED Epic sur Exosquelette de Tilta, après discussion chez Transpagrip, et un tournage en Scope sphérique. Mais, me voyant ainsi harnaché, Pierre Filmon, le réalisateur, m’a trouvé en tous points ressemblant à Terminator et a considéré, avec raison, que tout le monde se retournerait sur mon passage.
J’ai donc choisi de tourner avec mon Panasonic Lumix GH5 : il est équipé d’un capteur stabilisé, de format micro 4/3, une taille intermédiaire entre le Super 16 et le Super 35, et il enregistre en interne du 4:2:2 10 bits à 400 Mbs sur carte SD. Un vrai couteau suisse que j’utilise souvent en documentaire. Et j’ai choisi la courbe HLG (Hybrid Log Gamma), faite pour le HDR télévision, car on est alors dans l’espace couleur REC 2020, ce qui laisse de formidables possibilités d’étalonnage, même en SDR : c’est un espace couleur significativement plus grand que le DCI P3, qui était notre cible finale.
J’ai monté sur le boîtier un objectif Samyang de 24 mm T2,8 en monture Canon EF (loué chez SOS Ciné) qui, équipé d’un adaptateur Metabones Speed Booster x0,64, me donnait à peu près le champ d’un 21 mm en Super 35. J’ai délibérément choisi de travailler en Samyang, sachant que ces optiques n’ont pas un piqué extraordinaire or un des défaut du GH5 est, je trouve, un rendu trop net chez Panasonic en général depuis les nouvelles générations de VariCam.

En lumière, le soleil d’automne (nous avons eu énormément de chance), y compris en intérieur jour dans la galerie de Paléontologie, et un Aladdin Bi-Flex 30x30, de chez Transpalux, qui a servi sur deux plans.
J’ai étalonné moi-même le film sur DaVinci Resolve, comme je le fais depuis six ans pour les documentaires que je tourne, mais aussi ceux d’amis réalisateurs contraints désormais de tourner seuls, s’ils veulent avoir un temps de montage raisonnable.
J’ai travaillé deux semaines sur ma station équipée d’un écran calibré Eizo HD (la 4K ne sert à rien) et finalisé une semaine en salle chez Studio Orlando.

Je me suis mis à l’étalonnage depuis quelques années car j’avais depuis longtemps la sensation de retrouver, avec les progrès du numérique, les fondamentaux du travail de tirage à l’agrandisseur, que j’ai pratiqué durant de longues années : la maîtrise du gamma, les masques, le travail par zones…
Je l’aborde comme un retour à l’artisanat du photographe tirant lui-même ses photos, alors que d’autres choisissent de les confier à un tireur.
Par ailleurs, le dialogue devenait difficile avec certains jeunes étalonneurs ne connaissant rien d’autre qu’une image produite par un ordinateur. C’est donc dans cet esprit que je continue avec plaisir d’étalonner les films que je photographie, mais aussi ceux d’autres.

Crew

Assistant opérateur : Antonin Boischot

Technical

Caméra : Panasonic GH5
Optique : 24 mm Samyang T 2,8, équipé d’un Metabones Speed Booster x 0,64
Tourné caméra à la main, sauf 2 plans sur stabilisateur CAM TV car je devais courir !

synopsis

Il y a neuf ans, ils ont vécu une brève histoire d’amour. Aujourd’hui, ils se croisent par hasard sur un quai de gare, entre deux trains. Lui arrive, elle repart. Ils ont quatre-vingt minutes pour faire le point sur leur vie, face à face avec leurs vérités, leurs regrets et leurs souvenirs. C’est leur dernière chance.