Entretien par la CST avec Marc Galerne, fondateur de K5600 Lighting

Contre-Champ AFC n°338

La CST (Commission supérieure technique de l’image et du son), dans sa Lettre 182 de septembre 2022 et sur son site Internet, publie un entretien dans lequel Marc Galerne, PDG de K5600 Lighting – membre associé de l’AFC –, retrace l’historique de sa société et revient, entre autres, sur la relation qu’il entretient avec les chefs opérateurs.

Co-fondateur de la société K5600 spécialisée dans la fabrication de projecteurs d’éclairage, Marc Galerne revient pour la CST sur l’histoire de cette société qui a vu passer nombre de révolutions cinématographiques.

Pourriez-vous nous raconter l’histoire de K5600 ?
Marc Galerne : J’ai grandi dans ce métier. Mon père, Jean Galerne, était un passionné d’image et tournait tous ses films de vacances en 16 mm. Il a été directeur général et surtout l’inventeur de beaucoup de projecteurs de LTM. En 1972, Il a mis au point les premiers ballasts pour les lampes HMI. J’ai donc baigné dans cette ambiance très tôt. En 1977 j’ai travaillé un an chez Lee Filters, le célèbre fabricant de gélatine en Angleterre avant de rejoindre LTM en tant que commercial export, puis je me suis occupé du marketing avant de diriger les studios de la Victorine à Nice de 1986 à 1992, date à laquelle nous avons créé K5600 Lighting avec mon père et mon frère Gilles Galerne, qui était basé à Los Angeles. Mon père est décédé un an après la création de la société. La société, endettée, a démarré avec deux projecteurs qu’il avait conçus.

Quels étaient vos produits phares lorsque vous avez démarré la société ?
M.G. : Le Joker 200 et le Joker 400 étaient nos produits phares lors du lancement. Il s’agissait de projecteurs de type PAR d’encombrement réduit et proposés dans des Flycases. La lampe MSR 400 W était une première chez Philips, qui présentait l’avantage d’utiliser une douille de taille très réduite en comparaison aux G22 utilisées par les 575 sur le marché. Le fait d’être conditionnés dans des valises a sûrement été un atout majeur à une époque où les tournages de séries TV commençaient à se multiplier.

Au décès de notre père, mon frère et moi étions attendus car c’était lui qui inventait les appareils. S’inspirant des têtes de flash pour la photo, j’ai conçu le Bug, une source à 360 degrés dont la lampe est recouverte d’un globe de protection UV en borosilicate. C’était le moment où les boîtes à lumière et les boules chinoises commençaient à être très prisées sur les tournages avec des lampes à incandescence de puissances et surtout de rendements faibles. La gamme des Bugs a apporté un éclairement accru, surtout en lumière du jour. Nous avons ensuite créé le Joker-Bug qui était un Bug qui devenait un PAR grâce au Beamer, un accessoire PAR. La gamme s’est étendue au 800 et au 1 600 W. L’adaptateur Bug-A-Beam qui reçoit un Source Four (découpe peu onéreuse) sur les Joker 400, 800 et maintenant 1 600 est sans discussion l’accessoire phare.
Nous avons par la suite développé la gamme Alpha, des appareils de type Fresnel ayant la particularité de pouvoir travailler en douche y compris en 18 kW. Grâce à un réflecteur en fibre de quartz que nous avons développé, nous avons pu également diminuer de manière significative la profondeur des appareils sans modifier la plage de focalisation. Ainsi l’Alpha 18 kW est le seul de cette puissance à passer les portes. Nous avons aussi ajouté la possibilité de retirer la lentille de Fresnel permettant ainsi de créer des ombres portées très nettes. Une pratique qui se faisait auparavant sur les tournages, non sans risques de brûlures aux UV.

En tant que fabricant de projecteurs, à quelles problématiques avez-vous dû faire face ?
M.G. : Au début nous avons dû nous faire un nom. Le fabricant français de référence était LTM dont nous étions tous issus. Nous avons à l’époque subi des attaques directes de la part de sa nouvelle direction allant de la diffamation auprès de nos clients à des pressions sur des fournisseurs communs qui étaient menacés de ne plus travailler avec la grande société que LTM était encore à l’époque. Ce qui n’a pas empêché quelques années plus tard la chute de LTM. La fabrication est un processus de plus en plus difficile et peu rémunérateur lorsqu’on le fait avec passion et sans un groupe financier derrière soi. Les profits investis dans les nouveaux produits ne le sont pas sans limiter le budget marketing. La problématique a évolué avec les nouveaux enjeux, qu’ils soient technologiques, économiques, écologiques et sanitaires. [...]

(Propos recueillis par Ilan Ferry)