Evgenia Alexandrova, AFC, à la lumière du CNC

"Evgenia Alexandrova : « Noémie Merlant est mon porte-bonheur »"

Contre-Champ AFC n°362


Le site Internet du CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée) publie un article qui, mettant en lumière Evgenia Alexandrova, AFC, trace le portrait de la directrice de la photographie d’origine russe, récompensée au dernier Festival de Cannes par le Prix CST de la Jeune technicienne de cinéma pour son travail sur Les Femmes au balcon, de Noémie Merlant. Extraits...

Avec ce prix, elle succède au palmarès à Armance Durix (cheffe opératrice prise de son de Mi iubita, mon amour, de Noémie Merlant en 2021) [film qu’Evgenia Alexandrova a photographié, NDLR], Marion Burger (cheffe décoratrice d’Un petit frère, de Léonor Serraille en 2022), et Anne-Sophie Delseries (cheffe décoratrice du Théorème de Marguerite, d’Anna Novion en 2023). « Une validation de tout mon parcours et un encouragement à continuer », confie la directrice de la photographie Evgenia Alexandrova alors que le deuxième long métrage de Noémie Merlant vient de sortir en salles. Un parcours qui n’avait cependant rien d’une évidence ou d’un chemin tout tracé. « Je suis née et j’ai grandi en Russie », raconte Evgenia Alexandrova. « L’idée d’intégrer l’industrie cinématographique me semblait totalement inaccessible. D’autant plus que personne parmi mes proches n’était lié de près ou de loin au cinéma. » Et si elle commence à se forger une certaine cinéphilie au cours de ses années lycée – avec une inclinaison particulière pour Fellini et le néoréalisme italien – elle opte pour des études secondaires plus classiques. Une école de commerce qu’elle va prolonger au bout de trois ans par un Master spécialisé qu’elle vient effectuer en France, sans se douter que ce changement de pays va bouleverser sa vie. « J’avais seulement 22 ans quand j’ai fini ce Master. Je voulais essayer autre chose avant de rentrer dans la vie active. » Mais sans savoir précisément quoi. Jusqu’au jour où le hasard place sur sa route un scénariste qu’elle va bombarder de questions. « Il a pris une heure de son temps à m’expliquer en détail tous les métiers du cinéma. En l’écoutant, je flashe immédiatement sur celui de cheffe opératrice, qu’il me présente comme la metteuse en scène de l’humeur du film. » Et ce pour deux raisons : « D’abord parce que c’était un métier artistique avec beaucoup de créativité. Ensuite parce qu’il s’agissait d’un métier technique et manuel qui correspondait exactement à ce que je voulais faire au fond de moi, après des études aussi abstraites que le commerce. »

Voie royale
Evgenia Alexandrova décide d’emprunter la voie royale pour devenir directrice de la photographie : intégrer La Fémis. Elle réussit son concours d’entrée à sa deuxième tentative. « Ce furent des années absolument géniales. Parce que les intervenants ne sont pas des enseignants classiques mais des professionnels appartenant à des catégories de métier différentes avec des regards diversifiés sur le monde du cinéma. Mais surtout parce que j’ai pu y réaliser plusieurs courts métrages, sans compter ceux auxquels j’ai participé, réalisés par d’autres camarades, en occupant différents postes. Le tout avec des moyens en matériel assez conséquents. On est donc tout de suite dans le bain. » Elle consacre son mémoire aux enjeux de tournage dans la région de l’Arctique et part tourner son court métrage de fin d’études, Svalbard, dans l’archipel norvégien du cercle polaire où se trouve la ville la plus au nord du monde – Longyearbyen – qu’elle explore en mode documentaire. Avant que cette géographie ne lui inspire un autre court métrage, de fiction cette fois. « Il se trouve que pendant que j’étais dans le cercle polaire, est sortie une grande nouvelle scientifique qui prouvait l’existence des trous noirs et par ricochet qu’Einstein avait eu raison un siècle plus tôt. J’ai fait le lien entre les trous noirs et ce lieu insolite où je tournais et j’ai écrit un court à l’ambiance fantastique, Le Télescope d’Einstein, diffusé sur France 3, sur une jeune astrophysicienne qui va dans un observatoire sur l’île de Svalbard étudier les trous noirs. » [...]

(Source CNC)