Exposition "Alain Fleischer, l’image qui revient"

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Dans le cadre de la Biennale des arts de Nice, dont le thème est le cinéma et qui célèbre également les 100 ans de la Victorine, le musée de la photographie Charles Nègre présente, jusqu’au 29 septembre 2019, une exposition sur le travail d’Alain Fleischer associant des images de l’artiste plus anciennes avec des œuvres et des installations inédites.

Au cœur de cette interrogation d’Alain Fleischer « De quoi sont faites les images, quelle est leur nature ? », cette exposition pose une question très précise : qu’est-ce qui distingue une image arrêtée que l’on met en mouvement d’une image animée brusquement figée ? Pour tenter d’apporter une réponse, le quotidien Libération du lundi 22 juillet 2019 a interrogé le photographe-cinéaste « sur sa vision de la photographie, entre rêve et bricolage ».

Le travail photographique
« Mon travail de photographe consiste d’abord à réfléchir, assis dans un fauteuil, à un dispositif, à une façon d’explorer le territoire de l’image, à inventer des bricolages, des machineries. J’ai besoin d’expérimenter, et que chaque œuvre soit une aventure avec ses risques. L’étape suivante est le passage à l’expérience réelle. » [...]
« La photographie est pour moi le résultat d’opérations complexes qui associent le mouvement et le temps : c’est le contre-pied de l’image photographique telle qu’elle est majoritairement perçue, autour de «l’instant décisif» de Cartier-Bresson. »

Fidèle à l’argentique
« En photographie argentique, il faut attendre. J’ai besoin de ce mystère, et qu’il y ait une surprise. Cela peut rater ou être décevant mais par chance, c’est souvent mieux que ce que j’avais prévu. »

Photographie et cinéma
« Un exemple : en faisant des films de fiction, j’ai constaté que le son peut devenir une image, un code : le signal magnétique est transformé en signal photographique. Les techniciens parlent alors du son comme d’une image : "C’est piqué, net, il y a du grain…" J’ai extrait de mes films des fragments de bande-son, ondulations que j’ai mises dans des caissons lumineux. »

Le Fresnoy
« Clément Cogitore, un ancien étudiant du Fresnoy, expose à Nice en ce moment, tandis que Mati Diop vient d’avoir le grand prix au Festival de Cannes. Si le cinéma s’invente au Fresnoy, c’est justement parce que ce n’est pas une école de cinéma. On m’a parfois reproché de former des petits Fleischer : c’est faux. Tous les étudiants du Fresnoy viennent de cultures et d’imaginaires différents. Ce qu’on leur offre, plutôt que des cours, ce sont des moyens de création professionnels et un encadrement intellectuel. »

Regard porté sur les images aujourd’hui
« L’image est partout. Nous vivons dans un monde éclairé par les images. J’ai ma petite théorie d’astrophysique personnelle : imaginez que le Soleil, au lieu d’être une grande lanterne de lumière blanche, soit un énorme projecteur de cinéma, que la lumière qu’il nous envoie est chargée d’images et que nous sommes ces images-là. C’est une métaphore de ce qui se passe aujourd’hui : on est dans l’image en permanence, tout peut faire image, rien ne résiste à son devenir-image. [...]
« Il est frappant que des langages comme la photographie et le cinéma, vieux de plusieurs décennies, survivent à leurs techniques et à leurs supports d’origine. Le cinéma n’a plus de bobines de film ni de projecteur à croix de Malte, mais cela continue de s’appeler du cinéma… Les techniques changent, un langage perdure. »

(Extraits des propos d’Alain Fleischer recueillis par Clémentine Mercier pour Libération)

  • Informations et images concernant cette exposition sur le site Internet du musée de la photographie Charles Nègre.

"Alain Fleischer, l’image qui revient"
Jusqu’au 29 septembre 2019
Tous les jours de 11h à 18h sauf le lundi
Musée de la photographie Charles Nègre
1, place Pierre-Gautier - Nice