Festival International du Film d’Amour (FIFA)

par Pierre-William Glenn

Le jury de l’édition 2004 du Festival International du Film d’Amour qui se tient la ville de Mons en Belgique était présidé par Euzhan Palcy. Après le Festival de Namur, où l’AFC a été conviée, le FIFA est un des rares festivals qui se fait un honneur d’avoir un " technicien " dans son jury. J’y étais convié en tant que Président de la CST et me suis fait un plaisir d’honorer cette invitation du 15 au 20 février 2004, pour délibérer, avec 9 autres jurés, de la compétition officielle.
La semaine a été exceptionnelle : l’accueil, la convivialité organisée, les qualités humaines et intellectuelles des membres du jury international, la variété et l’intelligence de la programmation (13 films à voir en 4 jours), le succès public (près de 30 000 spectateurs) font pour moi de Mons la ville européenne de référence en matière de cinéphilie et " d’exception culturelle ".
Le FIFA a créé aussi un original " jury des jeunes cinéphiles européens " composé de 7 jeunes venant de tous les horizons de l’Europe (Roumanie, Grèce, Allemagne, Espagne, Portugal, Belgique et France) ainsi qu’un jury Cinéfemme qui avait récompensé les années précédentes des films comme A la verticale de l’été en 2000, No man’s land en 2001, L’Homme sans passé en 2002 et Lylia 4 ever en 2003. Ces jurys se sont rencontrés pour le meilleur des échanges entre générations.

Aucun film ne pouvait laisser indifférent et la diversité était de mise entre Love Hurts (Mexique), Le Don (Italie), Le cerf-volant (Liban), Girl’s Love (Egypte), La coiffeuse (Japon), Sept jours, sept nuits (Cuba), Le feu (Burkina Faso), Totally Married (Grèce), Viva Laldjerie (France-Algérie), 25 degrés en hiver (Belgique), Violence des échanges en milieu tempéré et L’Esquive (France), Vodka Lemon (Arménie).
Les Prix ont convergé vers Vodka Lemon, prochainement visible à Paris, (le film était sélectionné pour l’Oscar du meilleur film étranger à Hollywood) qui a obtenu le Grand Prix du Festival, le Prix Kodak de la meilleure photo et le Prix du jury Cinéfemme. Je ne saurais que vous recommander de courir voir ce film magnifique (le 31 mars), magistralement réalisé et dirigé par un réalisateur Kurde, Hiner Saleem dont la dignité a, de plus, été remarquée lors de la remise des Prix. Le " coup de cœur " du jury a été, une fois n’est pas coutume, à Kollo Daniel Sanou, un réalisateur africain burkinabé pour son film Tasuma (Le feu) et, autre originalité, le Prix d’interprétation féminine a été attribué à la prestation collective des jeunes interprètes de L’Esquive. Cette récompense était aussi une manière de souligner les qualités de la mise en scène du film.
La sélection officielle était complétée par un panorama du cinéma italien (11 films), une rétrospective 10 films-10 pays, composée principalement de films des pays de l’Est entrant dans l’Europe de 25, un coup de cœur aux courts métrages (20 films), un hommage à Rock Demers (producteur québécois) avec leçon de cinéma et conférence-débat, des séances pédagogiques pour les maternelles, les primaires et les secondaires, des avant-premières
(20 films et une invitation au voyage dans une rétrospective " Lumières d’ailleurs " (13 films) présentant des cinématographiques peu connues et peu ou pas distribuées en France.
Il y avait à l’évidence de quoi satisfaire les cinéphiles les plus exigeants et les plus curieux...

L’ouverture d’esprit de cette programmation est essentielle dans " l’exception culturelle " que nous défendons, la notion de collectivité et l’esprit de partage qui ont animé le festival ont été argumentés par toutes les autorités présentes (Elio Di Rupo, le président du Festival est ministre d’Etat en Belgique) et la communauté française de Belgique et le gouvernement Wallon montrent la voie en faisant preuve d’un courage exemplaire pour la francophonie.
Rien n’est perdu tant qu’existent, dans d’aussi belles villes, des heureuses initiatives d’amour fou du Cinéma, sans discriminations imbéciles entre " Techniciens " et " Artistes " où l’on peut apprécier des Films d’auteurs rares et de qualité.
Je convie les membres de l’AFC à répondre aux prochaines sollicitations de Marianne André et André Ceuterick pour ce Festival qui est une véritable leçon d’amour et de générosité.