Festival de Cannes 2021 : tapis rouge et tests PCR mais surtout CINÉMA

Par Pascale Marin, AFC

Contre-Champ AFC n°322

Cette année, Baptiste Heynemann m’avait fait l’honneur de me proposer d’être membre du jury de la Commission supérieure technique de l’image et du son (CST). À mes côtés : Louise Giboulot étudiante en cinéma à l’ENS Louis-Lumière, Lucien Jean-Baptiste réalisateur et acteur, Véronique Le Bris, journaliste et créatrice du Prix Alice Guy, Julien Poujade, exploitant de cinéma itinérant, et Nicolas Naegelen président de Poly Son. C’était un réel plaisir, après si longtemps loin des salles de cinéma de voir tant de films, loin ou proches, variés, forts. L’enthousiasme du public était palpable à chaque projection. Pas de doutes, cela nous avait manqué !

Parmi les 24 films de la compétition officielle, notre jury devait choisir celui ou celle : à l’image, au son, au montage, à la décoration… à qui nous remettrions le Prix de l’Artiste Technicien. Récompenser non pas un film dans sa globalité mais une personne sous l’angle de son apport au film.
Le travail d’un artiste technicien doit-il se détacher ou au contraire se fondre si bien dans la globalité du film qu’il en devient indissociable du reste ? Après chaque projection cette question animait nos débats passionnés et passionnants mais toujours conviviaux. Et chaque film que nous avons vu y répondait de façon singulière.

En marge des projections et de nos réunions de jury j’ai eu le plaisir de rencontrer "in real life" certains membres de l’AFC. Ayant intégré l’association il y a maintenant un an, mes contacts s’étaient résumés aux visioconférences et nous étions unanimes pour dire que « ça ne remplace pas ». J’ai aussi eu des échanges chaleureux avec certains représentants de nos membres associés qu’il sera agréable de poursuivre au fil du temps.

Particularité de cette 74ème édition, ma deuxième injection vaccinale contre le COVID 19 étant encore un peu récente je devais planifier toutes les 48 h un passage au centre de dépistage afin d’avoir un test négatif à présenter pour accéder au palais. Fait cannois plus que médical, il semblerait que sur le tapis rouge la célébrité ait un pouvoir antiviral, car il n’y a qu’aux inconnus à qui l’on demandait de remettre leur masque.

Moment magique, la remise de l’Hommage Pierre Angénieux à Agnès Godard. Ce soir-là, Agnès avait invité plusieurs d’entre nous à monter les marches à sa suite, c’était probablement la première fois qu’autant de directrices et directeurs de la photo foulaient ensemble le tapis rouge. Il nous a ensuite été donné de voir quelques plans mythiques de sa filmographie et d’entendre de nombreux témoignages, certains magnifiques, sachant rendre de façon très émouvante l’étendue de son talent.

Quelques images des films en Compétition officielle
Quelques images des films en Compétition officielle

Au final, notre jury a décidé de récompenser Vadislav Opelyants, directeur de la photographie de La Fièvre de Petrov, réalisé par Kirill Serebrennikov. Ses prises de vues sont virtuoses et notamment un plan-séquence de 18 minutes mêlant techniques cinématographiques et procédés de changements de décors de théâtre. Le film est un voyage délirant qui nous entraîne d’un réel fiévreux, aux souvenirs d’enfance en traversant parfois les hallucinations des personnages. L’étendue de sa palette à l’image est impressionnante et renforce le trip.

Le film sortira en salles le 1er décembre 2021, en attendant vous pouvez relire l’entretien accordé à François Reumont pour l’AFC par Vladislav Opelyants.

En vignette de cet article, le jury du Prix CST de l’Artiste-Technicien, au côté d’Angelo Cosimano. À sa droite : Lucien Jean-Baptiste, Véronique Le Bris, Julien Poujade, Pascale Marin, Louise Giboulot et Nicolas Naegelen.