Feuille de route des centres du cinéma européens

AFC newsletter n°242

Le réseau des centres européens du cinéma (EFAD - European Film Agency Directors) s’est réuni le 3 avril à Paris, en amont du Forum de Chaillot " Avenir de la culture, avenir de l’Europe " organisé par la ministre française de la Culture et de la communication.

Partageant la même conviction que les objectifs économiques et culturels ne sont pas conflictuels et que les principaux défis du secteur audiovisuel nécessitent une réponse européenne, les EFAD veulent être force de propositions pour bâtir l’Europe des cinémas. Ils souhaitent tirer les leçons de l’année 2013 qui a été émaillée de difficultés avec la Commission européenne à l’occasion de la révision du régime des aides d’Etat ou encore de l’accord de libre-échange avec les Etats-Unis, et passer d’une posture essentiellement réactive à une approche pro-active. C’est pourquoi, à quelques mois de l’élection d’un nouveau Parlement et de l’installation d’une nouvelle Commission, les EFAD souhaitent ouvrir deux chantiers de réflexion prioritaires.

Le développement de dispositifs communautaires pour promouvoir une stratégie audiovisuelle à la fois plus volontariste et plus cohérente. Il y a un gisement formidable d’initiatives à explorer en matière d’éducation à l’image, de renforcement des coproductions, de promotion des films européens à travers le monde. De telles initiatives contribueraient indéniablement à une plus forte intégration du secteur audiovisuel au niveau européen, et rapprocheraient également les peuples autour d’un imaginaire commun.
La régulation des nouveaux acteurs numériques, notamment les " géants " de l’internet qui, par leur dimension transnationale, évitent pour partie la régulation et la fiscalité des Etats dans lesquels leurs programmes sont diffusés, et ne contribuent pas à leur juste mesure au financement et à la promotion de la création audiovisuelle européenne. L’internet européen ne saurait être, pour ces acteurs, une autoroute sans péage. Cette réflexion doit également inclure la lutte contre le téléchargement illégal et la protection du droit d’auteur.

Quatre principes cardinaux orienteront ces réflexions :
- Le soutien à la création et à la diversité, qui enrichit le patrimoine culturel européen et génère de la croissance et de l’emploi.
- L’équité de traitement entre les acteurs audiovisuels traditionnels et les nouveaux acteurs numériques.
- La compétitivité des acteurs audiovisuels européens dans une économie mondialisée et en pleine révolution technologique. L’Union européenne doit encourager, et non pas brider, les initiatives nationales ou communautaires pour accompagner ces entreprises, notamment dans les secteurs de la vidéo-à-la-demande et de l’exportation des films vers les marchés émergents.
- La solidarité entre nations européennes, afin de permettre à chacune d’entre elles, grande ou petite, de produire et de diffuser des œuvres audiovisuelles – et ce malgré les turbulences économiques actuelles.

Ce travail de réflexion et de proposition doit se doubler d’un travail de conviction et de mise en œuvre. Il n’est possible qu’à travers un dialogue approfondi avec la Commission et le Parlement. Dans cette perspective, les EFAD recruteront prochainement un représentant à Bruxelles. Ils appellent également de leurs vœux :
- la désignation d’un Commissaire " chef de file " pour la politique audiovisuelle, chargé de la coordination des différentes administrations concernées (concurrence, marché intérieur, commerce, culture, société de l’information) ;
- la formation d’un intergroupe de députés européens autour des enjeux de l’audiovisuel et, plus largement, de la promotion de la diversité culturelle.

(Source CNC)