FilmLight rencontre les coloristes Peter Bernaers et Veerle Zeelmaekers sur la Croisette

par FilmLight Contre-Champ AFC n°322

Les coloristes Peter Bernaers et Veerle Zeelmaekers, basés en Belgique, sont complices devant et derrière leurs écrans. Ils ont récemment étalonné quatre films projetés à Cannes cette année, finis sur Baselight : Titane, de Julie Ducournau a remporté la Palme d’or, tandis qu’Annette, le film très attendu de Leos Carax, faisait l’ouverture de la compétition. Où est Anne Frank ?, un film d’animation d’Ari Folman, et Libertad de Clara Roquet ont concouru à la Semaine de la Critique.

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Comment avez-vous collaboré sur ces quatre films ?

Peter Bernaers : Chaque projet est différent et la collaboration peut prendre toutes sortes de formes.

Titane, je l’ai fait tout seul. Nous n’avons fait qu’en parler, mais Veerle aide vraiment de cette façon.

Pour Annette, j’étais le lead – les clients étaient purement en contact avec moi. À un moment donné, cependant, j’étais à l’étranger et Veerle a mis en place la couche de grains et supervisé le projet ; elle a apporté des ajustements techniques quand c’était nécessaire, ce qui lui a également permis d’apporter certains ajouts créatifs. Après cela, j’ai fini le projet. […]

A propos d’Annette

Pouvez-vous nous dire comment vous avez développé le look d’Annette, et comment s’est passée la collaboration avec le réalisateur Leos Carax et la directrice de la photographie Caroline Champetier ? Comment Baselight vous a-t-il aidé à obtenir le look ?

PB : La collaboration avec Caroline a commencé en pré-production, en faisant des tests, en choisissant le développement pour les rushes, en donnant des retours. Une fois le tournage commencé, le labo s’occupait des rushes et je faisais surtout du suivi.
Avant l’étalonnage, pendant le montage, nous avons commencé à affiner la façon dont certaines séquences clé fonctionneraient visuellement ; ces propositions étaient présentées à Leos et nous en discutions.

Ce fut un processus très important de discussion, de tests et de discussion à nouveau. Au moment où nous nous sommes finalement retrouvés avec la suite d’outils de finition pour l’étalonnage final, nous avions en fait une très bonne idée de ce qu’il fallait faire et comment l’obtenir.

Dans l’ensemble, l’étalonnage a servi la belle photographie de Caroline. Il s’agissait de trouver le bon équilibre et de s’assurer que nous traitions cela avec délicatesse. Je dirais qu’il y a une pureté chez Annette que j’aime beaucoup.
Techniquement, l’étalonnage était assez filmique, avec de nombreux outils Log à l’ancienne. La recherche de la bonne densité et du bon contraste, une pureté dans les noirs et un bon équilibre des couleurs. Des étalonnages strictement primaires, pratiquement pas de secondaires.
Ce qui m’a aidé là-bas, c’est la précision et la qualité des outils de Baselight, le fait qu’ils me permettent d’aller aussi loin avec cette pureté.

A propos de Titane

La réalisatrice Julie Ducournau a utilisé une palette de couleurs forte sur son précédent film, Raw. D’après la bande-annonce de Titane, il semble que la couleur ait une place importante dans ce film également. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre approche de la couleur, les références qui vous ont été données et quel outil Baselight a été le plus bénéfique pour ce projet ?

PB : Il y a une longue histoire de collaboration entre le DoP Ruben Impens et moi. Nous avons aussi fait le film Raw ensemble.

Le travail a commencé en pré-production, moins intense qu’Annette, mais aussi avec le choix du développement des rushes. Dès le départ, des choix audacieux ont été faits dans la photographie.

Aucune référence n’a été donnée. Ici, la discussion était davantage basée sur la façon dont nous voulions que le film soit ressenti. A l’étalonnage, ces choix ont en fait été améliorés, en se concentrant principalement sur la cohérence du film en utilisant ces contrastes forts et ces couleurs audacieuses. Il était important de trouver une palette, et de ne pas se retrouver avec un collage de choses. L’énergie et le voyage émotionnel du film nous ont guidés. Et nous avons suivi notre instinct. […]