Films français délocalisés, tournages internationaux en nombre à Paris intra-muros

La Lettre AFC n°223

Après que Thierry de Segonzac, président de la Ficam, eut fait état, dans Le film français du 27 juillet 2012, des préoccupations des industries techniques au regard du nombre croissant des tournages de films français délocalisés au-delà des frontières, Michel Gomez, délégué de la Mission cinéma à la ville de Paris, a fait le point, sur le site Internet de l’hebdomadaire le 3 août dernier, sur les tournages à Paris cet été.

Les derniers chiffres de la Ficam ont montré l’exode massif de tournages de films français à l’étranger, mais l’Hexagone attire les films internationaux. En particulier Paris. Point avec le délégué de la Mission cinéma dans la capitale.

Cet été, Paris accueille de nombreux tournages internationaux…
Il faut se méfier un peu des chiffres, car le périmètre n’est pas énorme. L’ensemble est cyclique. Il y a deux ans, l’activité avait été très bonne, l’an dernier, plus basse. Cette année l’été est bon. Nous avons eu une grosse activité liée à la présence des Schtroumpfs 2 et il est vrai qu’au niveau international nous avons des bonnes nouvelles. Mais attention au cocorico intempestif.

Quelles évolutions constatez-vous ?
Même si pour le moment les retombées sont encore faibles, nous commençons à avoir des équipes indiennes, russes, chinoises… C’est intéressant car aujourd’hui tout le monde comprend qu’il est possible de venir tourner à Paris.

Côté tournage, quelles sont les forces de la ville de Paris ? Quelles sont ses faiblesses par rapport aux tournages étrangers ?
Je dirais qu’il y a la force de Paris, son iconographie et la variété de décors possibles. La force de la ville, c’est aussi d’avoir su adapter ces outils pour accueillir les productions étrangères, mais surtout démontrer que les choses sont possibles. Inception, Minuit à Paris ont prouvé par l’exemple qu’il était possible de bien travailler à Paris, malgré la complexité d’une capitale, qui plus est très dense.
Côté faiblesses, il est vrai que la mairie a une structure administrative particulière entre mairie et préfecture de police. Mais les choses fonctionnent de mieux en mieux. Le crédit d’impôt international a aussi démontré à tous les acteurs, que ce soit les politiques ou les maires d’arrondissement, qu’un tournage est une activité économique. Quant au coût, l’avantage, en ce qui concerne la ville de Paris, c’est que les choses sont entièrement transparentes. Ensuite, il peut y avoir des questions sur l’hôtellerie. Mais je ne suis pas sûr qu’une ville comme Londres soit meilleur marché.

Les tournages français à l’étranger augmentent. Ce phénomène impacte-t-il aussi la capitale ?
Oui, en particulier, sur la production de fictions télé. C’est très inquiétant, car ce sont des activités à la base récurrente.

Comment expliquez-vous cette baisse ?
Plusieurs phénomènes se conjuguent. Il y a un phénomène global de délocalisation. De plus en plus de régions françaises pratiquent une politique active pour attirer les productions. J’ajouterais que de gros opérateurs développent de plus en plus de fictions internationales, le plus souvent non tournées en France. Enfin, les donneurs d’ordre, les chaînes de télévision, ont ralenti leurs activités. C’est problématique en termes de filière industrielle.

Cet été, une production internationale, Le Grand, avec Jean Reno, est tournée à Paris…
C’est une très bonne nouvelle. Globalement, la Mission cinéma traite tout le monde de la même manière, du court métrage à la superproduction, pour rendre les choses plus faciles. Mais sur des dossiers, il est important d’être très en amont. C’est vraiment ce curseur qui fait la différence.

(Propos recueillis par Francois-Pier Pelinard-Lambert pour Le film français)

En vignette de cet article, tournage, dans la salle du conseil de la mairie de Paris, d’Omar m’a tuer, de Roschdy Zem, photographié par Jérôme Alméras, AFC (Photo Mairie de Paris - Sophie Robichon)