Françoise Eléfantis vue par Nicolas Berard

La Lettre AFC n°172

Pendant ses 22 années passées chez Kodak, Françoise aura apporté toute son énergie et sa passion au service de l’entreprise, bien sûr, mais surtout et avant tout au service du cinéma, en commençant par les directeurs photo qu’elle affectionnait tant et dont elle admirait le travail, mais aussi de nombreux directeurs de production, producteurs et parfois réalisateurs, dont elle soutenait les engagements parfois risqués et difficiles.

Françoise, c’était d’abord un œil, souvent espiègle et accompagné d’un large sourire qui illuminait son visage, mais aussi un œil aiguisé et d’une grande sensibilité qui savait apprécier une image et le travail de lumière qui la compose. Son regard était juste et j’ai toujours été impressionné par la façon dont elle avait d’analyser et d’apprécier un film à travers sa photographie.
Dotée d’une mémoire étonnante, elle connaissait la filmographie de la plupart des directeurs photo par cœur. Je me souviens que pour certains films, elle était même capable de citer les émulsions utilisées, même plusieurs années après le tournage !

Exigeante, jusqu’à être têtue parfois, elle savait convaincre et imposer son point de vue lorsque celui-ci était juste. Difficile de toute façon de ne pas la suivre, tant elle débordait d’énergie et d’enthousiasme.
D’une grande écoute et d’une grande confiance, elle était même devenue la confidente de certains d’entre nous.
Cette fougue, cette énergie, son esprit éternellement jeune, faisaient que le temps semblait ne pas avoir de prise sur elle, rendant sa disparition d’autant plus brutale et inattendue ; et cela malgré ses soucis de santé qui ont fait qu’elle n’aura jamais pu pleinement profiter de ses années de préretraite, elle qui aimait tellement croquer la vie à pleines dents.

Françoise était pour moi, plus qu’une collègue, elle était devenue avec le temps une véritable amie. Nous parlions souvent Cinéma et elle m’interrogeait souvent sur le parcours des directeurs photo, notamment ceux qu’elle avait connus assistants et qu’elle avait accompagnés pendant toutes ces années chez Kodak, n’hésitant pas parfois à m’interpeller à la lecture d’un générique d’un film, quant au choix artistiques de l’un d’entre eux…
Je pense aujourd’hui à son fils, Nicolas, et à ses deux petites filles dont elle parlait toujours avec beaucoup d’affection et d’admiration.

Françoise va nous manquer, mais je garderai toujours en mémoire, comme des rayons de soleil dans le ciel, son sourire lumineux et son énergie chaleureuse.