Hambourg en caméra portée avec Codex

par Codex La Lettre AFC n°247

Benoît Delhomme, AFC, a fait son entrée sur la scène cinématographique internationale en 1993 avec L’Odeur de la papaye verte, un poème visuel dans lequel les images et les sons ont la priorité sur le dialogue. Ce film a été très remarqué au festival Camerimage en Pologne, et pendant les années qui ont suivi, Delhomme a travaillé avec des réalisateurs tels que Mike Figgis, Anthony Minghella, Michael Radford, Mikael Hafstrom, Hideo Nakata et Lone Scherfig, entre autres. Ses collaborations avec John Hillcoat sur les films The Proposition et Des hommes sans loi ont été très bien reçues.
Benoît Delhomme, caméra à l'épaule - A ses côtés, Bebe Dierken et, à gauche, Florian Kronenberger - Photo Kerry Brown
Benoît Delhomme, caméra à l’épaule
A ses côtés, Bebe Dierken et, à gauche, Florian Kronenberger - Photo Kerry Brown

Un homme très recherché, thriller d’espionnage basé sur le roman de John Le Carré et qui est l’un des derniers films du comédien Philip Seymour Hoffman. Lors de la conception de sa stratégie visuelle, Delhomme a travaillé en étroite collaboration avec Anton Corbijn, photographe et réalisateur néerlandais, reconnu pour ses films Control et The American, et pour son travail innovant sur des vidéo-clips.
Quasiment 100 % du film a été filmé en caméra portée, souvent à pleine ouverture et, généralement, avec peu ou pas du tout de répétition. « Même pour les plans fixes, nous voulions que l’image respire. Nous voulions donner au spectateur le sentiment d’être regardé ou espionné », précise Delhomme.
La prépondérance de prises de vues en caméra portée a été l’un des facteurs qui les a poussés à choisir l’Arri Alexa M. Et, combinée aux enregistreurs embarqués Codex Onboard Recorder, l’Alexa a été un élément clé pour la réussite des séquences en extérieur nuit.

« Pour moi, travailler avec une caméra portée était le principal défi de ce tournage », explique Birgit Dierken, la première assistante caméra. « Marc Dando de Codex a été d’une grande aide, à chaque instant. Il nous a parlé d’un harnais pour les caméras Alexa qui avait été utilisé sur World War Z. Pour Un homme très recherché, nous l’avons utilisé comme un sac à dos, et dans d’autres situations, nous en avons fait une version pour chariot. Et cela nous a beaucoup aidés. »

« Nous pouvions filmer des extérieurs nuits avec la lumière ambiante des rues et des autres décors, » explique Delhomme. « Très souvent, nous demandions aux commerçants de laisser allumées ou d’éteindre les lumières de leurs magasins après la fermeture. »
Delhomme précise qu’il a eu du mal à trouver un chef électricien qui comprenne sa démarche. « Beaucoup de chefs électriciens qui participent à des tournages de films internationaux en Allemagne pensent que vous voulez éclairer les nuits de la même manière qu’un grand directeur de la photographie américain, avec beaucoup de HMI et de nacelles partout », dit-il. « Pouvoir filmer avec les lumières de la ville était fondamental pour ce projet. Nos personnages étaient des espions ou des fugitifs à la recherche de lieux plutôt sombres ! Je voulais vraiment donner au film un aspect urbain authentique. La capacité de la caméra à capter les lointains du paysage urbain a donné à nos séquences de nuit une profondeur et une texture supplémentaires. »
Les anciennes séries grande ouverture de Zeiss ont été utilisées avec le 35 mm comme optique principale. Pour les séquences avec des dialogues, la caméra était très proche des comédiens, avec l’optique à pleine ouverture, donnant aux arrière-plans un joli flou. L’idée était de concentrer l’attention du spectateur dans la vie intérieure et le ressenti des personnages.

Tous les moniteurs ont été calibrés pour offrir la plus grande homogénéité, y compris les moniteurs sur le plateau, les moniteurs embarqués, les viseurs ainsi que ceux utilisés pour créer et visionner les rushes. L’étalonnage des images sur le plateau a été très succinct. Pendant la journée, les caméras étaient équipées quasi en permanence de filtres neutres. Delhomme précise que Corbijn a été surpris par la qualité cinématographique des images obtenues.
« Le workflow Codex/ArriRaw nous a donné toute la latitude nécessaire pour créer des images très cinématographiques », explique Delhomme. « Nous avons utilisé une seule LUT développée avec Arri, et nous n’avons rencontré aucune surprise en postproduction. Et cela est très important. » Dierken avait travaillé précédemment avec Codex et ArriRaw sur d’autres projets. « Codex est un enregistreur très fiable », affirme-t-elle.

Le dernier plan du film est un bon exemple de l’approche spontanée adoptée par le réalisateur et le chef opérateur. Comme d’habitude chez Le Carré, la fin est très ambigüe. Après un point culminant à couper le souffle, le personnage d’Hoffman conduit une voiture à travers la ville. Il se gare, sort du véhicule et marche dans la rue. Le plan a été entièrement improvisé. Il a été tourné avec Hoffman conduisant lui-même la voiture, Delhomme et sa première assistante sur le siège arrière et Corbijn sur le siège passager, chuchotant des indications à Hoffman. « Nous sommes montés dans la voiture et avons juste fait le tour de la ville, faisant une prise après l’autre par un après-midi ensoleillé et très contrasté », se souvient Delhomme. « L’Alexa M et le Codex m’ont permis de revenir à mon ancienne manière de filmer. Je savais instinctivement que j’avais toute la latitude de pose pour tenir les extérieurs et le visage de Philippe à l’intérieur du véhicule, comme si je tournais avec ma pellicule préférée Kodak. C’était une façon extraordinaire de faire un film. »