Intermittents du spectacle : un accord et des fausses-notes

La Lettre AFC n°123

La CGT, syndicat majoritaire dans le spectacle, et FO ont refusé de parapher le document.
Quelques heures auparavant, 10 000 intermittents avaient crié leur opposition à une réforme. Un mouvement commencé en octobre 2002 et qui avait pris de l’ampleur ces dernières semaines.

Le texte maintient un statut spécifique pour les intermittents du spectacle, en conservant les annexes 8 et 10 de l’assurance chômage créées en 1969. En revanche, le document introduit une séparation entre techniciens et artistes qui étaient jusqu’alors soumis aux mêmes règles d’indemnisation.
Les techniciens devront désormais justifier de 507 heures de travail au cours des dix derniers mois, leur ouvrant droit à une indemnisation pour huit mois (243 jours).
Les artistes devront afficher de leur côté 507 heures de travail en dix mois et demi ce qui leur ouvrira droit à une indemnisation de huit mois.

Dans le régime actuel, les intermittents du spectacle devaient avoir accompli 507 heures sur douze mois consécutifs pour acquérir des droits pendant douze mois. L’accord entrera en vigueur le 1er octobre 2003 et sera valable jusqu’au 31 décembre 2005, échéance de la convention générale d’assurance chômage.

C’est un accord « scélérat », s’est emporté Jean Voirin, secrétaire général de la fédération CGT du spectacle, à l’issue de la négociation. « Ce nouveau mode de calcul, a-t-il dit, se traduira par la mise à la casse de 35 % des intermittents. C’est la curée pour le spectacle vivant. »
Appelant à continuer la mobilisation, il a ajouté : « Nous vous donnons rendez-vous aux festivals de l’été, d’Avignon, d’Aix-en-Provence... ».
« Les annexes 8 et 10 étaient menacées de disparition », a affirmé pour sa part Michel Jalmain, secrétaire national de la CFDT, signataire du protocole. Et de défendre « une réforme négociée, intelligente, bien construite qui va maintenir un niveau d’indemnisation élevé, largement supérieur à celui du régime général. Le système était menacé. Nous avons assuré sa survie ».
L’accord « comporte des avancées » et « l’intermittence est sauvée », s’est réjoui Jean-Jacques Aillagon, ministre de la Culture et de la communication.
L’intermittence est préservée, certes mais peut-être pas tous les intermittents, pour qui il faudra travailler plus pour gagner moins.
(Libération, 27 juin 2003)