Jackie

A l’occasion de la sortie en salles, le 1er février 2017, de Jackie, de Pablo Larraín, photographié par Stéphane Fontaine, AFC, lire, dans l’American Cinematographer de janvier 2017, un article dans lequel Benjamin B s’entretient avec le directeur de la photographie et le réalisateur à propos de leur travail de préparation et de fabrication du film.

Jackie  : mouvement à l’épaule
Extrait de l’entretien avec Stéphane Fontaine, AFC, et notre membre consultant Benjamin B, à propos du mouvement caméra dans Jackie, de Pablo Larraín.

Benjamin B : Est-ce que tes mouvements caméra sont toujours motivés par ceux du comédien ?
Stéphane Fontaine :
Oui, mais parfois on peut vouloir raconter différemment. Il y a des moments où c’est bien de suggérer une nouvelle émotion. A l’épaule, on pourrait s’éloigner du comédien pour donner une autre couleur au plan, une autre nuance, par exemple pour évoquer un sentiment de fragilité.

Avec le comédien plus petit dans le cadre ?
SF : Oui. Pablo m’a donné beaucoup de liberté, ce qui était très agréable. J’avais une oreillette pour pouvoir entendre le dialogue pendant que je tournais. Je cadre souvent avec mes oreilles !
Le cadre est dicté par ce que la scène me raconte dans le moment, par ce que racontent les comédiens. Bien sûr, il m’arrive de me tromper, et de ne pas filmer une chose que Pablo voulait voir. Alors, on fait une autre prise, et je cale mes mouvements différemment, pour que la seconde prise puisse raconter une autre partie de l’histoire.

Tu offres des options au montage ?
SF : Absolument. J’avais besoin d’apporter des choses à Pablo, pour qu’il puisse être vraiment créatif au montage. Mais ça ne veut pas dire faire du "coverage" – du champ contre-champ – télévisuel.
Pablo aimait cette approche, et on se comprenait. Quand il me donnait une indication, je comprenais tout de suite ce qu’il nous manquait, et ce qu’il fallait obtenir, et nous avons pu travailler rapidement.

J’imagine que les mouvements de Natalie Portman étaient parfois guidés par les tiens ?
SF : Il y avait pas mal d’improvisation de sa part, donc la caméra devait construire autour de ça. Il nous fallait aller au-delà de l’improvisation, pour que le plan paraisse construit, tout en étant très libre.
J’aime beaucoup quand il y a un dialogue silencieux entre le comédien et le cadreur, quand je ressens intuitivement qu’il veut bouger, et le sachant, je commence à lui laisser une place pour son mouvement. Quand ça fonctionne, tu peux voir le comédien entrer dans l’espace que tu lui as laissé. J’adore ce moment-là ! Tu peux suggérer des choses au comédien, le conduire vers un endroit où il y aurait un fond intéressant.

Où la lumière fonctionne bien ?
SF : Oui. Tu n’as pas besoin d’en parler, les comédiens comme Nathalie le comprennent intuitivement, il y a une entente mutuelle assez surprenante.

Équipe

Opérateurs Steadicam : Kareem La Vaullée, Manuel Rojas, Brant Fagan
Assistants caméra :
- Paris : 1re AC Fabienne Octobre, 2e Nathalie Lao, 3e Christophe Perraudin
- USA : 1er AC Eric Swanek
Chef électricien : Xavier Cholet
Chef machiniste : Antonin Gendre

Technique

Pellicule : Kodak Vision3 500T 7219 et 200T 7213
Matériel caméra : Panavision Alga (Arri 416, série Zeiss Super Speed MkII)
Matériel lumière : Transpalux
Laboratoire film : Le Lab
Scan 16 mm : Mikros image
Laboratoire numérique : Technicolor, Nicolas Chalons, Danielle Maleville
Coloriste : Isabelle Julien
VFX : Mikros image, Digital District, Garage
Studios : Cité du Cinéma