Jean Monsigny nous a quittés

La Lettre AFC n°302

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Le directeur de la photographie Jean Monsigny nous a quittés, mercredi 18 septembre 2019, à l’âge de quatre-vingt-trois ans. Membre de l’AFC, il aura photographié, en artiste qu’il était au sens large du terme, pendant ses presque quarante-cinq ans de carrière quelque soixante-dix fictions et documentaires pour le cinéma et la télévision.

Né le 24 avril 1936, Jean Monsigny fait ses études de cinéma à l’Ecole de la rue de Vaugirard (aujourd’hui ENS Louis-Lumière), en compagnie, entre autres, de Michel Deloire, Jean Harnois, Nicole [Daujat] et William Lubtchansky. A sa sortie, en 1959, il passe par le Service cinéma des armées, au Fort d’Ivry, puis devient l’assistant de Jean Badal pour Un roi sans divertissement, de François Leterrier, en 1963, La Fiancée du pirate, de Nelly Kaplan, en 1969, et Le Dernier saut, d’Edouard Luntz, en 1970.
Après un rapide passage au cadre, notamment avec Jean-Jacques Renon, et quelques galops d’essai sur des premiers longs métrages en tant que directeur de la photographie, il est l’un des chefs opérateurs du documentaire-fable utopiste L’An 01, de Jacques Doillon, Alain Resnais et Jean Rouch, en 1972, dont les autres opérateurs sont Gérard de Battista, William Lubtchansky, Renan Pollès, Robert Millié et Michel Houssiau. Puis suivront Sans sommation, de Bruno Gantillon, en 1973, et Emilienne, de Guy Casaril, en 1975.

Jean Monsigny entame par la suite une collaboration avec Gérard Mordillat sur La Voix de son maître, en 1978, film coréalisé par Nicolas Philibert et cophotographié par François Catonné, Gilbert Duhalde et Jean-Paul Schwartz. Suivront Billy Ze Kick, en 1985, et Fucking Fernand, en 1987. Une autre collaboration notoire sera celle avec le réalisateur burkinabé Idrissa Ouedraogo - qui fut son élève à l’Idhec -, dont il a signé les images de Yam daabo (Le Choix), en 1986, Tilaï, en 1990, et Le Cri du cœur, en 1995, cophotographié par Jean-Paul Meurisse.
On citera également, entre autres réalisateurs avec lesquels il aura travaillé, Jacques Bral (Mauvais garçon, en 1993) et Jean-Partick Lebel. A partir de 1990, les réalisateurs de télévision font appel à son talent d’opérateur, tels Claude Santelli, Marcel Bluwal ou encore Jacques Renard, avec qui il tournera son dernier film, Un souvenir, en 2008.

Jean Monsigny, devant sa maison à Sèvres, en 1999
Jean Monsigny, devant sa maison à Sèvres, en 1999

Passionné de photographie - il s’intéressait à l’aspect graphique des images -, Jean Monsigny prenait plaisir, ces dernières années, à faire le portrait d’artistes dans leur geste de création tels qu’il les auraient filmés avec une caméra. Lors d’une exposition, en 2012, il accompagnait ainsi ses photographies* :
« Il m’arrive parfois de laisser mon regard vagabonder ; le sujet s’estompe et se perd...
Photo - graphie ? Il n’y a plus de "photo (de...)". Reste "graphie", un graphisme sans titre, au seul plaisir de mise-en-cadre, de gestion de l’espace, des rythmes et des couleurs. »
* Voir quelques-unes de ses photographies dans le portfolio ci-dessous.

Jean Monsigny et l’AFC
Membre de l’association depuis avril 1991 - ses parrains étant Jacques Loiseleux et Charlie Van Damme -, Jean a fait partie du conseil d’administration de l’AFC de mars 1992 à février 1998, étant trésorier de 1994 à 1996. Il était actif au sein de la commission enseignement, aux premiers temps où elle a existé, la transmission des savoirs ayant été l’une de ses principales préoccupations, sur les plateaux et particulièrement dans les écoles de cinéma, à l’Idhec, par exemple, où il fut longtemps intervenant.

Nous garderons de lui en mémoire le souvenir d’un être attachant et chaleureux, à l’écoute et bienveillant. Nos amicales pensées vont à Lysiane, son épouse, à ses enfants et à ses proches.

Deux membres de l’AFC témoignent
J’ai eu le plaisir de travailler avec lui à plusieurs reprises.
Jean Monsigny était un homme délicieux, discret et respectueux d’autrui.
C’est quelqu’un qu’on avait toujours plaisir à retrouver.
Il me manquera.
Mes pensées à sa famille.
Arthur Cloquet

Jean Monsigny était au premier abord quelqu’un de très réservé mais très vite manifestait envers les autres une vraie curiosité teintée de respect et une grande bienveillance.
Je me souviens de sa voix calme et chaleureuse, de son sourire empreint de lucidité. J’avais de l’affection pour Jean.
Mes amicales pensées à ses proches.
Pierre Novion

Dans le portfolio ci-dessous, des photos de tournage - entre autres de Tilaï, d’Idrissa Ouedraogo -, un exemple des nombreux albums de tirages relatifs aux films qu’il a tournés et trois photographies tirées de ses œuvres "graphiques" - Archives Jean Monsigny.