"Jean-Pierre Beauviala, inventions et engagements"

Dans le cadre de la 3e édition du festival Toute la mémoire du monde, qui a lieu du 28 janvier au 1er février2015, la Cinémathèque française propose une projection de tests images et sons ainsi que le documentaire Opération fermes ouvertes, Larzac, Pâques 72, réalisé avec Suzanne Rosenberg (en présence de Jean-Pierre Beauviala et Suzanne Rosenberg).

Présentation de Marianne Bauer et Nicolas Caïssa
Essai Single System (c. 1970)
Explication du Single System (1971)
Opération fermes ouvertes, Larzac Pâques 72
Essais 8-35 (1979)

En 2012 et 2013, Jean-Pierre Beauviala (fondateur d’Aaton) a déposé sa collection de films à la Cinémathèque française. Ces films sont de précieux témoignages sur l’histoire des techniques cinématographiques.

En 1965, le matériel de tournage existant ne répond pas à toutes les attentes de Jean-Pierre Beauviala. Avec l’idée de réaliser un film sur l’urbanisme à Grenoble, il décide de concevoir lui-même de nouveaux dispositifs techniques. Afin de gagner en légèreté et en mobilité, il invente un procédé in caméra d’enregistrement simultané de l’image et du son (bande magnétique collée sur la manchette de la pellicule) : les prises de vues et de sons peuvent désormais être réalisées par une seule personne. Jean-Pierre Beauviala teste le dispositif avec l’aide d’Hugues Vermeille, puis l’explique sur un tableau. Le Single System, intégré dans une caméra Éclair 16, est surtout conçu pour des reportages d’actualités. Pour les tournages utilisant du matériel de prise de vue et de son séparé, il asservit les moteurs de la caméra et du magnétophone à la régularité d’un quartz. Il inscrit ensuite un code, l’Aaton code, sur chaque support qui indique de façon récurrente l’heure précise, la date et la référence de la caméra du tournage en cours. Ce dispositif simplifie la synchronisation de l’image et du son en postproduction. Certains éléments du fonds Aaton montrent le travail de recherche qui a abouti à ce code.

Ce dépôt révèle aussi le parcours de l’inventeur au travers de ses centres d’intérêt et de son engagement. Lorsqu’en octobre 1971 le ministre de la défense annonce l’agrandissement du camp militaire du Larzac, Suzanne Rosenberg et Jean-Pierre Beauviala se rendent sur place et réalisent un documentaire inédit sur l’Opération fermes ouvertes. Cette initiative consistait à donner une visibilité des conditions de travail des paysans et de leur lutte contre l’extension du campement militaire.

A la fin des années 1970, Jean-Luc Godard commande à Jean-Pierre Beauviala la caméra 8-35 pour tourner des sortes de stock-shots. Avec William Lubtchansky, AFC, ils effectuent les essais de cette caméra qui devait réunir les avantages d’une caméra Super-8 (la taille, les automatismes) et la qualité d’image d’une caméra 35 mm. Certains plans de Prénom Carmen ont été tournés avec le prototype qui aujourd’hui est conservé au Conservatoire des techniques de la Cinémathèque française.

(En vignette de cet article, Jean-Pierre Beauviala et Jean-Luc Godard - Photo Anne-Marie Mieville - Collection Cinémathèque française)