Juste " de mon point de vue "

par Hélène Louvart

by Hélène Louvart AFC newsletter n°147

L’hiver 2004-2005... Dix semaines de tournage pour le film de Sandrine Veysset, un des derniers projets qu’Humbert B. avait réussi à mettre sur pied, déjà tant bien que mal...
Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? La disparition d’un homme et tout s’arrête, ou bien se consume à petit feu.

Un film aux mains d’administrateurs, de créanciers, cela coupe toute envie, toute lucidité artistique. Le film devient même comme un boulet lorsqu’il est associé à de nombreuses dettes. Un réalisateur (trice) n’est déjà pas grand-chose sans producteur, encore moins un opérateur (trice). Le film de Sandrine s’est arrêté au stade de l’après-mixage, montage négatif compris, une copie brouillon à peine regardable, avec de l’amorce à la place des trucages, et avec surtout, à ma grande " stupeur ", des noirs grisés.

Zut, me voila donc " cuite ", fallait que cela tombe sur ce projet-là... Je vais devoir demander la possibilité de faire fabriquer un inter poussé + 1/2 ou + 1 diaph, si un jour une copie est tirée, afin de retrouver des noirs plus normaux, faire une série d’essais, disons se débrouiller pour obtenir un résultat dit " normal ", alors que rien ne posait problème au stade du télécinéma, même si j’ai conscience d’avoir forcément pris des risques. Et je mènerai aussi une enquête pour comprendre le rapport entre les lumières de tirage des différents plans et la D.min de la pellicule utilisée, je sens que ce ne sera pas gagné d’avance, surtout particulièrement dans ce contexte-là, ce n’est pas un terrain très propice à ce genre de considération...

...Et puis quand je pense à toutes ces nuits de tournage sous la pluie, dans le froid, à toutes ces après-midi nuageuses où le jour déclinait toujours trop vite, tous ces tracas, ces tensions, ces angoisses, et tout ça pour en arriver là ? Au mieux pour avoir le sentiment d’avoir fait un travail " jusqu’au bout " ? Et Vous, Humbert, si au moins vous étiez encore là...