K 5600 Lighting à Camerimage : fidèle depuis huit ans

Marc Galerne, PDG de K 5600 Lighting, à posé ses valises à Bydgoszcz pendant toute la durée festival. Bilan avec le créateur des projecteurs Joker, entre autres Alpha, Softube, etc.

Comment avez-vous trouvé cette édition 2014 ?

Marc Galerne : La fréquentation cette année m’a paru un peu en baisse. Je pense que comme il y a beaucoup de travail en Angleterre et en Allemagne, ça n’a pas joué en faveur du festival. Ce sont ces deux pays qui forment le gros des troupes à cause des voies d’accès direct aériennes ou terrestres.
Quoi qu’il en soit, ce n’est pas un salon comme peuvent l’être le Nab, IBC ou le Satis. Ici on vient plutôt rencontrer des gens qui utilisent les produits mais pas spécialement ceux qui les achètent.

Qui sont les visiteurs types ?

MG : Essentiellement des chefs opérateurs, confirmés ou débutants. Ce qui est très chaleureux, c’est de retrouver des gens qui viennent chaque année. K 5600 est présent depuis huit ans à Camerimage et on a le plaisir de voir évoluer des étudiants, qui sont devenus entre-temps jeunes professionnels, et même certains des chefs opérateurs très confirmés. Seul regret, l’Europe latine n’est absolument pas représentée. Aucun Espagnol, aucun Italien, peu de Roumains... Je pense que l’accès à Bydgoszcz est tout de même un frein pour beaucoup de gens.

Quelles sont les questions que l’on vous pose ?

MG : Ici, pas besoin d’expliquer pourquoi il n’y a pas projecteurs LEDs sur le stand ! Les gens connaissent nos produits en général, et ce besoin basique d’information qu’on rencontre dans les autres manifestations n’est pas d’actualité à Camerimage. Ça permet d’échanger plus sur les attentes, les modes, les goûts qui se dessinent par rapport aux nouvelles caméras et aux nouvelles techniques de tournage.
Par exemple sur les projecteurs Fresnel, qui reviennent sur le devant de la scène. Les quantités de lumière faramineuses proposées par les Pars devenant un peu moins utiles avec les caméras numériques, je pense qu’un retour vers le Fresnel, sa polyvalence, sa vraie qualité d’ombre et de lumière, est dans l’air.
Il y aussi pas mal de questions sur la nature de la source. Beaucoup de gens semblent vouloir revenir un peu au tungstène car ils se rendent compte que la LED ne peut pas tout faire. Bien sûr, on n’est pas sur le créneau de l’incandescence, mais on le sent dans les discussions. Du coup, on intègre dans nos conceptions la modularité, de manière à pouvoir faire évoluer nos produits quand ce sera possible...

Alors, posons la question qu’il ne faut pas poser..., pourquoi n’ y a-t-il pas de LEDs sur votre stand ?

MG : On n’est pas opposé sur le principe, mais c’est très difficile industriellement d’assurer un approvisionnement sur des LEDs de très haute qualité sans en commander des quantités astronomiques. L’industrie de la LED fonctionne à l’échelle de l’éclairage d’une ville ou d’autoroutes...
En outre, nos essais ont montré que le bon refroidissement de la LED est capital pour assurer une continuité dans la qualité lumière émise, ce qui pose pas mal de problèmes à résoudre. La ventilation active (ventilateur) est proscrite à cause de la prise de son et la seule façon reste la masse.

Il en résulte des appareils encombrants et lourds, ce qui va à l’inverse des impératifs de l’éclairage d’extérieur. Pour le studio, c’est acceptable car les appareils ne sont pas autant manipulés.
Je pense que c’est tout à fait envisageable de travailler sur des petites puissances en LED, à condition de ne pas vouloir concurrencer à tout prix des projecteurs HMI ou tungstène. La LED est un pinceau supplémentaire dans la panoplie du peintre et on ne peut pas tout faire avec le même pinceau !

Quand on prend en compte la très haute sensibilité des caméras présentes et à venir, n’envisagez-vous pas une gamme de projecteurs moins puissants ?

MG : Tant qu’on tourne en extérieur jour avec le soleil, on aura besoin de 18 kW, mais pour autant, les listes pour les extérieurs nuit s’allègent concrètement, et des projecteurs comme l’Alpha 9 kW sont très appréciés. Descendre en dessous d’une certaine puissance devient techniquement impossible avec une lampe à décharge à cause de la sensibilité de la lampe aux variations de température.
On a fait des essais par exemple avec des lampes de 35 W, mais la moindre variation, comme quand quelqu’un passe à coté de l’appareil, fait changer la température de couleur. Et cela aussi quand on utilise le " dimmer ". Vraisemblablement, c’est plutôt sur la LED qu’il va falloir se placer pour envisager des sources de moindre puissance...

Et question prix ?

MG : On a développé une série depuis septembre, le Kit Evolution, qui est un kit modulaire, composé à la base d’un Alpha 200 et d’un Joker 200, destiné aux écoles et aux productions qui achètent leur propre matériel. Les projecteurs n’ont pas les mêmes possibilités que la gamme normale – pas de ballast Hi-Speed – mais la même qualité de lumière à la base.
C’est le seul produit K 5600 que nous avons dessiné avec en tête la notion de coût bas. Tout en maintenant une bonne qualité optique, nous avons limité le nombre de pièces et favorisé la fonderie à l’usinage.

(Propos recueillis à Camerimage par François Feumont pour l’AFC)

En vignette de cet article, Julien Bernard et Marc Galerne sur leur stand à Camerimage 2014 - Photo JN Ferragut