L’AFC présente à l’IDIFF 2005

par Jean-Noël Ferragut (avec la complicité de Gérard de Battisa, Eric Gautier, Willy Kurant, Philippe Ros)
Nul besoin, pour une fois, d’escalader quatre à quatre les marches du Palais du Festival de Cannes en ajustant son nœud papillon, habillé en queue-de-pie, pour assister à la 3ème édition de l’IDIFF (International Digital Film Forum) qui s’est tenue du 2 au 4 février 2005. Il suffisait de s’intéresser, un tant soit peu, à tout ce qui a trait de près ou de loin avec ce que l’on appelle désormais le " cinéma numérique ". En effet, l’IDIFF se veut le reflet du développement de ses technologies.

En complément d’une large exposition et de diverses conférences, l’édition 2005 de l’IDIFF a mis l’accent sur les progrès récemment accomplis en matière de captation et de postproduction des images en haute définition (compressées ou non). Une projection numérique de très bonne qualité a permis de voir, ou de revoir, dans le grand auditorium Lumière le film d’Ingmar Bergman Saraband tourné en HD entrelacée.
Les responsables de l’IDIFF, Jean-Paul Gillet et Etienne Traisnel, aidés de Philippe Ros, membre consultant de l’AFC, avaient réuni pour l’occasion la fine fleur de ces nouveaux outils avec lesquels il va falloir, pour ceux d’entre nous qui n’ont pas encore eu la chance de s’y frotter, bientôt nous familiariser.

2 - Le studio de prise de vues

Un studio de prise de vues et deux salles d’étalonnage étaient accessibles aux visiteurs, leur permettant de découvrir, " en action ", la dernière génération des caméras et des consoles d’étalonnage actuellement disponibles (ou qui le seront dans un très proche avenir).
Deux numéros de magie proposés par Philippe Coroyer, réalisateur, qui en assurait la scénographie, ont permis aux opérateurs, réalisateurs et producteurs présents de se faire une idée de la capacité de ces nouveaux outils et des compléments dont ils sont équipés (objectifs, visées, accessoires, moniteurs, enregistreurs...).

Les caméras présentées, aussi bien en exposition qu’en " studio ", étaient la D-20 d’Arriflex, la Varicam de Panasonic, la Genesis de Panavision, la F-950 4:4:4 de Sony et la Viper FilmStream de Thomson Grass Valley. L’étalonnage s’effectuait dans deux salles disposant d’un écran de 6 mètres de base et équipées l’une d’une console Post Logic Discreet Lustre et l’autre d’une console da Vinci 2K Plus.
Les sociétés Bogard SA, Digimage, Eclair, Emit, Kodak, Panavision-Alga, Transpalux, membres associés de l’AFC, ainsi que Arri UK et Panasonic étaient présents à l’IDIFF, en tant qu’exposant, partenaire ou " sponsor ", tout comme le CNC, la CST et l’ARP. Jean-René Failliot (Arane-Gulliver), Milan Krsljanin (Arri UK), Tommaso Vergallo (Digimage), Kris Kolodziejski (Digital Film Lab), Odile Beraud, Thierry Beaumel et Frédéric Moreau (Eclair), Bob Beitcher (Panavision) et Ruedi Schick (Swiss Effects) sont intervenus lors des différentes conférences qui avaient pour sujet la captation et la postproduction.

3 - Laurent Desbruères, coloriste, dans la salle Digimage

De son côté, Laurent Desbruères, coloriste à Digimage, étalonnait en différé, dans la salle équipée de la console da Vinci, les images prises tant au studio qu’en extérieur (Cannes brillait de toutes ses hautes lumières cette semaine-là...). Dans la salle équipée de la console Lustre, plusieurs essais d’étalonnage ont été faits sur des images tournées avec la D-20 et la Genesis.

4 - La caméra D-20 vue du stand Arri

Souhaitée par les organisateurs de l’IDIFF, la participation de l’AFC s’est manifestée par la présence à Cannes de cinq directeurs de la photographie, Gérard de Battista, Jean-Noël Ferragut, Eric Gautier, Willy Kurant et Jean-Pierre Sauvaire. Gérard est intervenu lors d’une conférence ayant pour thème " La nouvelle génération de caméras de cinéma numérique " où il a fait part de ses expériences de tournage et de ses rapports avec les réalisateurs. Jean-Noël avait créé de toutes pièces le studio et en a opéré les prises de vues.
Eric, lors d’une autre conférence intitulée " Chef opérateur et étalonneur, redéfinition des métiers ", a tenté de sortir du débat purement technique et économique pour aborder le travail de recherche d’un " style " d’image qui commence par le détournement des outils hors de la norme pour laquelle ils ont été conçus. Jean-Pierre, en visiteur attentif, a fait quelques essais en extérieur avec la Genesis. Willy, en l’absence d’Eric Guichard et à tout seigneur tout honneur, représentait l’AFC.

5 - La caméra Viper FilmStream de Thomson Grass Valley en studio

Ces trois jours passés à côtoyer le nec plus ultra des outils qui seront les nôtres demain nous ont permis de constater qu’aujourd’hui les principaux acteurs (on ne peut plus dire artisans) des " techniques numériques " sont à même de se réunir sous un même toit pour présenter le meilleur de leur savoir-faire.
Qu’à voir ce matériel exigeant, et c’est plutôt rassurant, quoi qu’on en dise, le métier de chef opérateur n’est pas inéluctablement en voie de disparition... _ Que nous demeurerons les principaux interlocuteurs si nous avons une parfaite connaissance de la chaîne numérique complète. Mais aussi que le poids des enjeux économiques qu’implique la mise en œuvre de ces techniques résolument " haut de gamme " risque rapidement, si nous n’y prenons gare, de nous tenir la dragée haute, face aux réalités qui façonnent le quotidien de notre métier.

Cela sous-entend, évidemment, que nous soyons présents, et écoutés, dans le concert des évolutions, et de leur devenir, des outils dont nous serons les utilisateurs privilégiés. Et par conséquent, cela va également sans dire, qu’un dialogue doit s’établir entre nous et les constructeurs, qu’il nous faudra bien, à terme ou dans un futur immédiat, nous rapprocher d’eux, qu’en clair nous ne pourrons plus longtemps faire l’impasse d’un débat entre nous sur le moment où ils viendront nous rejoindre à l’AFC.
Si aujourd’hui encore, par exemple, bien des améliorations peuvent être apportées aux différentes caméras numériques (surface du capteur permettant l’usage d’optiques " cinéma " pour celles de conceptions les plus anciennes, nécessité d’une visée optique claire avec réserve hors champ pour celles qui n’en sont pas encore équipées, suppression du cordon ombilical ou enregistreur fiable pour d’autres...), on se prête à croire que les moyens de captation du " cinéma numérique ", sortant de l’adolescence, ont atteint l’âge adulte.

Si, pour conclure, la cuvée 2005 a quelque peu souffert de la qualité de ses projections numériques (dans les deux petites salles) - et l’on se fait à l’idée que c’était dû à sa jeunesse - l’IDIFF n’en a pas moins été un salon chaleureux et innovant quant à la diversité de ses intervenants et des matériels réunis, mais aussi vu la façon dont ces derniers étaient présentés. Il ne reste plus à la prochaine édition que de faire non seulement la part belle au numérique, et c’est sa vocation, mais de faire une part plus belle encore au cinéma et à ceux qui le font, en y conviant un plus grand nombre d’opérateurs, bien sûr, mais aussi de réalisateurs et de producteurs.

L’équipe du studio :
Caroline Le Moing et Arnaud Pierre, comédiens
Éric Porcher, production-régie
Jean-Luc Gilles, décorateur
Pierre Fanet, électricien-machiniste
Christine Mignard, assistante caméra
Hélène de Roux, assistante réalisation

6 - La caméra Sony 950 sur le stand Bogard
7 - Une caméra Sony sur le stand Emit
8 - La caméra Varicam sur le stand Panasonic
9 - La caméra Genesis sur le stand Panavision-Alga

Crédits photographiques :
Photos 1, 2, 3, 5, 8 et 9 Nathalie Klimberg © Avance Rapide
Photos 4, 6 et 7 Jean-Noël Ferragut

Pour de plus amples renseignements sur les divers matériels présentés à l’Idiff, visiter les sites suivants :
www.arri.com (site d’Arriflex en anglais)
www.davsys.com (site de da Vinci, en anglais) MAJ: https://www.blackmagicdesign.com
Panasonic
www.panavision.com (site de Panavision en anglais)
https://www.post-logic.com (site de Discreet (Lustre), mélange d’anglais et de français)
https://pro.sony/fr_FR/ (site de Sony, mélange d’anglais et de français)
https://www.grassvalley.com