L’AFC vue par...

L’association vue par quatre de ses membres

AFC newsletter n°260

Dans son numéro 158 de novembre 2015, la Lettre de la CST (Commission supérieure technique de l’image et du son) poursuit sa publication d’entretiens avec des représentants d’associations professionnelles "membres associés" de cette vénérable institution. Après l’ADPP (réunissant des directeurs de postproduction), l’AFR (des régisseurs) et l’ADC (des chefs décorateurs), c’est au tour des opérateurs de l’AFC de répondre aux questions concernant sa vie et ses activités.

Pour la CST, Alain Besse, Myriam Guedjali et Dominique Bloch ont convié autour d’une table Nathalie Durand, Rémy Chevrin, Vincent Jeannot et Jean-Noël Ferragut à "échanger" sur la vie "interne comme externe" de l’AFC et sur l’évolution du métier. Ce dernier sujet de conversation devra faire l’objet d’un deuxième article à paraître dans le prochain numéro de la Lettre de la CST.

A la première question de l’"échange", qui était de savoir « si la profession de foi des débuts de l’AFC d’être "une forme moderne de compagnonnage" résistait à l’évolution de la position actuelle des directeurs de la photographie dans leur relation aux réalisateurs et aux producteurs », les premières réponses furent les suivantes :

Nathalie Durand : L’idée de compagnonnage est toujours aussi forte. Nous ne sommes pas un syndicat. La finalité dans l’association est un partage de nos savoir-faire et de nos compétences. En interne, nous disposons pour cela d’un outil réactif, le "dialogue actif".

Rémy Chevrin : Notre métier est un métier de solitude. Nous ne sommes qu’exceptionnellement ensemble sur un plateau. On se rencontre hors de ceux-ci, d’où une nécessité d’échange. C’est encore plus vrai par ces temps d’évolutions techniques. La solitude, c’est une vrais réalité et l’AFC n’est pas une force de syndicalisme, c’est une force de partage. Notre outil, le "dialogue actif", est une boîte e-mail qui permet aux 132 opérateurs de l’AFC de se parler presque en temps réel. Questionnements techniques, artistiques, sociétaux, voire plus intimes, chacun peut faire partager ou questionner sur et autour du métier. Pouvoir s’exprimer par l’écrit provoque une réactivité très forte.

Vincent Jeannot : Je reviens sur la notion de solitude. Quand nous étions assistants, lors des essais caméra, on se rencontrait, on échangeait, on avait des contacts. Lorsque que je suis passé opérateur, j’ai découvert effectivement la solitude, je l’ai vécue.

ND : Le "dialogue actif" n’est pas un forum. Il n’y a donc pas de sujet thématique. Chacun envoie un avis et répond qui veut. [...]

Jean-Noël Ferragut : Le compagnonnage, il y a 25 ans, était moins virtuel ; les membres fondateurs n’étaient qu’une trentaine… ils pouvaient se croiser plus souvent, c’était plus facile. Les contacts étaient réels chez les loueurs et par les réseaux des deux écoles. De nos jours, se retrouver à 132 est bien plus difficile. Les moyens de communication facilitent l’échange.

ND : Les opérateurs qui rentrent à l’AFC sont parrainés par des membres actifs. Cette reconnaissance en tant que pair contribue à faire vivre l’idée de compagnonnage...

RC : On parraine des gens pour lesquels on a un attachement, avec qui en tout cas on partage une certaine idée une cinéma. Suivre le parcours de quelqu’un pour lequel on a des espoirs et de la bienveillance, voire un certain regard d’émerveillement, cela motive et d’une certaine façon rend légitime le parrainage.

VJ : Moi, je suis un tout petit peu gêné par le mot compagnonnage car c’est ce que j’ai vécu quand j’étais assistant, c’est-à-dire à l’époque où les opérateurs avaient leurs équipes attitrées parce qu’ils tournaient trois, quatre quatre films dans l’année et qu’ils pouvaient garder chefs électro et machino, cadreur et assistants – on était vraiment des équipes. Les carrières n’avaient pas la même fulgurance que maintenant, il fallait sept ou huit longs métrages pour avoir une carte professionnelle de directeur de la photo. Notre association est donc à mes yeux une confrérie, quelque chose de fraternel !

ND : Depuis quelques temps, le parcours traditionnel a été fortement perturbé par l’arrivée du numérique et l’abandon de la carte professionnelle. Sur les films, arrivent des directeurs de la photo qui n’ont pas fait d’école et qui n’ont pas été assistants bien longtemps...