L’Homme à la caméra #5 / Léonce-Henry Burel et Abel Gance : articifiers de lumière

Séance animée par Élodie Tamayo

La Lettre AFC n°272

Pour la cinquième séance de son cycle "L’Homme à la caméra : Du tourneur de manivelle au chef opérateur", l’association Kinétraces présentera en partenariat avec La Fondation Jérôme Seydoux-Pathé une conférence – avec projections accompagnées au piano – qui mettra en lumière le travail du duo qu’ont formé Léonce-Henry Burel et Abel Gance.

Celui qui signera la photographie du Journal d’un curé de campagne, de Bresson, en 1950, est âgé de seulement 26 ans quand il devient le premier chef opérateur français crédité au générique d’un film. Il s’agit de Léonce-Henry Burel (1892-1977) pour La Dixième symphonie, d’Abel Gance, en 1918.
Officiant dans les années 1910-1920, le duo Gance-Burel opère plus d’un tournant décisif dans l’évolution de l’art, de la technique et de la reconnaissance du métier de chef opérateur. Leurs visées mobilisent tant la maîtrise de l’éclairage artificiel que la composition des cadres, l’usage des couleurs ou la mobilité de la caméra.

Leurs faits d’armes se déploient avec une rare virtuosité dans les vastes fresques lumineuses que sont J’accuse, La Roue ou Napoléon. Moins spectaculaires, mais tout aussi passionnants sont leurs essais entrepris dès le début de la Grande Guerre. Le conflit constitue à plus d’un titre un cadre de formation déterminant – une boîte de Pandore de motifs et de techniques marqués au sceau de la saturation lumineuse : avec la Grande Guerre et l’entrée dans la modernité, la lumière naturelle vacille au profit des puissances ambivalentes de l’éclairage artificiel.
Lampes électriques, fusées de détresses, poudres et fumées envahissent récits, images et plateaux de tournage autour de personnages de savants fous et d’opérateurs qui le sont tout autant ! Les films choisis mettront à l’honneur la dimension expérimentale et "laborantine" de ce duo particulièrement dynamique qui releva plus d’un défi dans la conquête progressive des "pinceaux lumineux" nécessaires à leur art.

Intervention de 20 à 30 minutes (avec présentation de documents d’archives) suivie de la projection de :
- Autour de La Roue, 1923, 11 min
- La Folie du docteur Tube, 1915, 14 min
- Les Gaz mortels, 1916, 69 min.

"Les Gaz mortels", d'Abel Gance, 1916 - Collection La Cinémathèque française
"Les Gaz mortels", d’Abel Gance, 1916
Collection La Cinémathèque française

Projection accompagnée au piano par les élèves de la classe d’improvisation au piano de Jean-François Zygel du Conservatoire national supérieur de la musique et de la danse de Paris. Copies en provenance de Gaumont Pathé Archives.

Élodie Tamayo dédie ses recherches à l’œuvre d’Abel Gance (elle rédige actuellement une thèse sur ses « évangiles de lumières », un ensemble de projets inachevés). Elle enseigne l’histoire du cinéma à l’Université Sorbonne-Nouvelle Paris 3 (en tant qu’ATER). Elle préside depuis 2016 l’association Kinétraces, qui réunit des chercheurs autour du cinéma et des arts visuels, au prisme de l’archive.

L’Homme à la caméra #5 / Léonce-Henry Burel et Abel Gance : articifiers de lumière
Mardi 21 février 2017 à 19h
Fondation Jérôme Seydoux-Pathé
73, avenue des Gobelins - Paris 13e