L’Horizon

L’Horizon est le premier long métrage d’Emilie. Nous nous sommes rencontrées pour le tournage de deux séquences de son scénario dans le cadre d’Emergences. Et nous avons persévéré…

Caméra légère
Il nous était évident, dès le début, que le dispositif devait être très libre, très en mouvement avec la majorité des séquences à l’épaule pour capter la vivacité de cette jeunesse. Quelques séquences étaient prévues plus fluides, avec une caméra stabilisée au Ronin, supporté par Readyrig pour arriver à hauteur d’œil.
Dans le scénario, un certain nombre de décors nécessitait une caméra compacte (une cabane dans l’arbre, une séquence à dos de cheval...).
Le Rialto (capteur déporté) de la Sony Venice nous a convaincus lors des essais, malgré un certain nombre d’inconvénients. Assez inconfortable à cadrer à l’épaule en regardant un petit moniteur (le film est tourné en 2019, un des premiers film avec Rialto, le viseur et les accessoires ne sont pas encore optimisés), et fil à la patte avec un héros de machiniste qui suit avec le corps caméra peu ergonomique.
Mais au final, j’ai pu constater la bonne influence qu’a eue cet outil sur la mise en scène et la forme du film. Nous avions envie que le spectateur soit avec Adja qui éprouve des sentiments au cœur de cette ZAD qui bousculent sa façon de penser. Ce corps caméra, devenu tout léger, a permis des plans qui tournent, qui tanguent, des plongées totales, une vrai danse que nous cherchions. J’avais choisi des Zeiss GO et un zoom Cooke 20-60 mm pour leur légèreté. De plus, ces optiques un peu baveuses m’aidant à contrecarrer le côté trop "propre" de la caméra. Plus une filtration Black FX et Black Dots sur certains plans et un léger grain en postproduction.

Un plan de grue à 9…
Pour Adja le monde se renverse et, depuis le tout début, Emilie avait imaginé ce plan central ou tout passe "up-side-down", pour mettre en images ce mouvement intérieur de la pensée d’Adja, son cheminement d’un modèle consumériste à la prise de conscience de la nécessité d’un engagement écologique. Tout le monde s’est mis à la réalisation de ce plan, j’en étais incapable toute seule. Pour la bascule de 180° en passant par un "top-shot", nous avons pris une tête commandée aux manivelles, le second assistant sur un axe, moi-même sur un autre. deux machinistes au travelling, un manipulant le bras, le chef électro à la commande de diaph, une pointeuse, l’accessoiriste au zoom, la stagiaire image retournait le moniteur de 180° au moment de la bascule.
Le tout, sous la pluie, dans la gadoue, en attendant un rayon de soleil, qui est arrivé ! Très jouissif !

De la couleur, du soleil, drone et ralentis
Les protagonistes vivent dans la banlieue où petites villes, zones commerciales et champs de coquelicots se côtoient. Emilie a voulu dépeindre une jeunesse lumineuse et créative. Nous avons utilisé des couleurs fortes, vives, avec en référence les photos de Daniele Tamagni. Des ralentis ont souligné les moments plus lyriques où Adja passe des caps, notamment les moments d’engagement politique et amoureux.
Et des plans tournés avec drone nous ont principalement servi à raconter la porosité des limites entre la ville et la campagne.

Merci à Emilie, à Marie, productrice, aux actrices et acteurs, à l’équipe image et à l’équipe tout court pour ce beau travail commun.

Bande annonce officielle