L’INA nous rappelle les prouesses du Simplifilm

Par Laurent Andrieux, chef opérateur et enseignant des techniques de prise de vues

AFC newsletter n°271

Aujourd’hui oublié et remplacé par les procédés d’incrustation et les techniques de compositing en postproduction, le Simplifilm d’Achille Dufour est mis à l’honneur dans cette vidéo de l’INA de 1962, poétiquement intitulée "Les magiciens du film".

Le simplifilm d’Achille Dufour est un procédé de trucage à la prise de vues permettant l’incrustation d’une scène dans un décor photographié. Achille Dufour était ingénieur chez Debrie - fabricant de caméras -, et a mis au point avec Henri Mahé, réalisateur, le procédé en 1941.

La photo du décor est placée à une courte distance de la caméra, afin de permettre d’en couvrir pleinement le champ. Une réserve y est découpée afin de découvrir l’action. Pour ramener la scène réelle dans le plan du décor, et permettre une mise au point nette sur les deux éléments en même temps, une lentille convergente est placée entre eux.
Un condenseur est de plus placé dans le plan de la photographie afin d’assurer un éclairage homogène de l’image (réelle) de la scène ainsi capturée. La lentille convergente produisant une image inversée de la scène, elle impose d’inverser la photographie du décor, puis optiquement l’ensemble, sauf à inverser la caméra (le schéma de principe est en vignette de cet article).

Le système, concurrent du "Pictographe" d’Abel Gance et Pierre Angénieux - amélioré et rebaptisé "Pictoscope" en 1942 -, subit d’ailleurs de leur part des attaques en contrefaçon.

Le Simplifilm permettait de maîtriser l’ensemble des paramètres et outils optiques en un appareil opérationnel et "facile d’usage". Il mesurait néanmoins plus d’un mètre de long, pour une soixantaine de kilos...

Le plan truqué est ainsi obtenu directement à la caméra, sans aucun artifice en postproduction.

L’INA rend hommage au procédé, en rediffusant ce reportage de 1962 qui permet d’en comprendre l’intérêt et de voir l’appareil en production.