L’éditorial d’octobre 2024, par Jean-Marie Dreujou, président de l’AFC


Pierre-William, un des deux présidents d’honneur de l’AFC, nous a quittés le 23 septembre à 23h23. Voici les mots que Pierre-William avait écrits pour la présentation de l’exposition qui retraçait sa carrière à la Maison des artistes : « Être opérateur, c’était une manière de ne pas penser à moi, de ne pas parler de moi, en sorte une forme de pudeur. Peut-être que j’arrive à un moment où j’ai envie de parler de moi… On ne sait pas bien comment on franchit le cap ; un jour on se dit que si ça se trouve, on pourrait raconter des choses personnelles qui ne seraient pas moins intéressantes que bien d’autres ».

Il y a quelques années Pierre-William m’a offert deux essais philosophiques qui lui tenaient à cœur.
Ce que sait la main, un essai de Richard Sennett qui abolit les frontières entre la tête et la main, la pratique et la théorie, l’artisan et l’artiste, et prouve brillamment que « Faire, c’est penser ».

L’Éloge du carburateur, un essai de Matthew B. Crawford qui montre que le travail manuel peut même se révéler beaucoup plus captivant d’un point de vue intellectuel que tous les nouveaux emplois de l’économie du savoir.
« Retour aux fondamentaux, donc. Le carter moteur est fêlé, on voit le carburateur. Il est temps de le démonter et de mettre les mains dans le cambouis… »

Ces deux ouvrages m’ont captivé et à chaque fois que je les ouvrirai, je penserai à Pierre-William.

J’étais en tournage avec Pierre-William, fin 1989, début 1990, il me parlait avec passion de la fondation de l’AFC.
Vendredi dernier j’étais à la Maison des artistes, je lui racontais la vie de l’AFC et l’enthousiasme de la jeune génération, Pierre-William souriait…
Bon voyage Pierre-William !

Photos Jean-Marie Dreujou
Photos Jean-Marie Dreujou