L’éditorial de la Lettre de décembre 2009
par Caroline ChampetierUn laboratoire disparaîtra, plusieurs loueurs se regrouperont, la pellicule argentique ne sera plus le support d’origine majoritaire des films.
Avant d’être restructuré, le paysage industriel de notre profession sera démantelé. Par voie de conséquence, des hommes et des femmes avec lesquels nous avons travaillé, échangé, lié des amitiés, défendu le temps d’un film ou de plusieurs notre place de créateur de la photographie cinématographique, verront leur vie bouleversée. Devant cette révolution annoncée et si peu maîtrisée, nous leur devons, et nous nous devons, de rester lucides et responsables.
Même si les enjeux économiques nous dépassent parfois, quoique nous en reconnaissions la logique, les enjeux techniques ne peuvent pas nous échapper et nous continuerons à questionner pratiques qui peuvent nous passionner si elles ne nous sont pas imposées.
Face à ceux qui aujourd’hui préfèrent ne rien voir et ne rien dire alors qu’ils sont les premiers à avoir bénéficié de l’engagement des industries techniques de la cinématographie française, nous rappellerons que les films, et c’est là leur noblesse, sont des œuvres collectives qui font appel à de multiples énergies, talents, savoir-faire et savoir penser. A accepter si consciencieusement de les voir se réduire, c’est le cinéma qui sera perdant.