L’éditorial de la Lettre de juillet-août

Par Richard Andry, coprésident de l’AFC

par Richard Andry La Lettre AFC n°277

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A Paris, en période de forte canicule, comme c’est le cas actuellement, on peut aller se réfugier dans une salle de cinéma, lieu privilégié où l’on partagera, avec d’autres "cinocheurs", un bon (ou moins bon) film et un peu (beaucoup) de fraîcheur. Moment de plaisir que l’on peut même parfois agrémenter d’une crème glacée et que l’on peut répéter à satiété tout au long de la journée et dont je ne me suis jamais privé depuis ma plus tendre enfance.

Et voilà qu’à ce moment, me reviennent à l’esprit ces mots sortis de la bouche d’Emanuel Lubezki, AMC, ASC, lors de la conférence de presse donnée à Cannes à l’occasion de la présentation du film (appelé aussi expérience de "réalité virtuelle") d’Alejandro González Iñárritu, Carne y arena, – six minutes, qui placent le "spectateur", lunettes VR devant les yeux, pieds nus sur un sol couvert de sable, en plein milieu d’un passage illégal de la frontière Mexique-USA en totale immersion avec des migrants affamés et terrorisés, harcelés par des 4 x 4 policiers et un hélicoptère, en étant témoin de conséquences souvent tragiques qui résultent de cette situation. « …Je pense qu’avant moins de dix ans, quand les enfants regarderont un film sur un écran traditionnel, ils diront : c’est là-dessus que vous regardiez des films ? »
Dans les dix prochaines années, l’acte de se réunir dans une salle pour regarder un film composé d’une suite de plans différents, montés les uns à la suite les autres, sera considéré comme archaïque ? Je n’ai pas pu partager cette expérience, et ce malgré mes efforts, il n’y avait pas de créneau libre, il fallait être journaliste ou VIP. J’avais déjà auparavant "expérimenté" d’autres installations et étais resté plutôt dubitatif. Mais, venant de "Chivo", ces propos interpellent et les quelques heureux élus que j’ai pu rencontrer se sont révélés enthousiastes. Pour eux, c’est évidemment une révolution comparable à celle apportée par l’invention des frères Lumière. Cela dépendra, disent-ils, de la richesse du contenu qu’apporteront les auteurs mais nul doute que déjà l’industrie du rêve s’est mise en marche dans ce sens. Que scénaristes et créateurs artistiques sont déjà sur le pied de guerre, et que cette technique menace beaucoup plus l’existence des salles que les plateformes du style Netflix qui ont alimenté la polémique. Donc, à suivre.

En attendant cet hypothétique futur, le présent, c’est de pouvoir profiter des progrès de la HDR qui apporte un réel "plus" à la qualité de la projection en salle. Et pour cet automne, en partenariat avec nos amis étalonneurs de Shade, nous avons le projet d’une journée autour de la HDR et ses incidences pendant le tournage et lors de l’étalonnage.
Et, futur encore plus proche, nous espérons nous voir nombreux chez Amazing Digital le 26 juin, pour l’avant-première du film de Claire Denis, Un beau soleil intérieur, photographié par Agnès Godard, AFC.
Une bonne occasion de passer la soirée ensemble autour d’un film "AFC". Je vous souhaite un bel été chaud et ensoleillé et de bons films à voir dans la fraîcheur des salles.