L’éditorial de la Lettre de mars 2016

Par Nathalie Durand, coprésidente de l’AFC

by Nathalie Durand AFC newsletter n°262

Je pourrais parler de Carol, de la beauté du Super 16 et du travail formidable d’Ed Lachman, de Ce sentiment de l’été, filmé par Sébastien Buchmann en Super 16 et de ses couleurs, des 8 salopards, de Tarantino et son 70 mm, du plaisir de revoir Le Vent nous emportera, filmé par Mahmoud Kalari, bref de tous ces bijoux qui nous réjouissent dans cet écrin qu’est la pellicule.

Comme des pieds de nez à une technologie toujours plus performante. Ce n’est pas nier les progrès du numérique. Le Micro Salon nous a montré de nouvelles possibilités, des capteurs plus grands, des espaces couleur plus larges, des caméras plus fonctionnelles, des optiques plus douces. La technique avance, pour nous aider dans notre créativité. Les savoir-faire et l’enthousiasme de nos associés pendant ces deux jours ont de quoi nous stimuler.

Mais voilà, Armand Marco s’est éteint, Alain Boutillot nous a quittés, Andrej Zulawski est mort. Trois personnes qui m’ont accompagnée à un moment ou un autre de ma vie professionnelle. Alain, depuis la boutique d’Alga à Vincennes puis chez Cinecam, Zulawski en réalisateur charismatique sur Mes nuits sont plus belles que vos jours, où j’étais assistante de Patrick Blossier, Armand enfin que j’ai connu assez tard alors que nous étions intervenants à La fémis.

Trois repères qui s’en vont, un peu comme la pellicule qui disparaît.
Le cinéma, c’est le temps, le mouvement. Inexorablement il faut aller de l’avant. Appréhender chaque jour un nouveau monde et conter de nouvelles histoires.
Ne pas oublier la guerre en Syrie, les réfugiés, se rebiffer contre l’état d’urgence, anéantir la déchéance de nationalité, être à l’écoute de la nouvelle ministre de la Culture, rester vigilant pour le statut des intermittents, nourrir le chat et pleurer ceux qui sont partis.