L’éditorial de la Lettre de septembre 2010
par Caroline ChampetierJ’ai choisi de relire les contributions qui ont nourri régulièrement notre réflexion, ces derniers mois, et d’en donner à lire trois extraits qui montrent la profondeur, les contradictions, l’attachement viscéral à notre pratique. Si nous sommes arrivés le 19 juin à établir ce que nous avons d’irréductible à défendre, nous devrions, en poursuivant ce travail ensemble, avec vous et avec d’autres associations, entraîner un mouvement qui s’inscrive dans une vigilance envers le cinéma tout entier.
« N’y a-t-il pas, dans le grand nombre de films produits en France, une forme de frénésie pas forcément proportionnelle à l’éclat novateur et artistique que l’on aimerait y trouver ? Est-il possible d’imaginer une meilleure coordination des aides, une meilleure maturation des artistes dans ce pays où l’on aide encore le cinéma… ? »
« Que le cinéma ait perdu sa popularité, nous en sommes tous responsables à divers degrés, il va falloir réinventer, non seulement notre profession, mais le cinéma tout entier, et ce n’est pas qu’un choix entre numérique et argentique. Le cinéma à venir, il ne faut pas le chercher dans notre passé ni dans la sacralisation de notre fonction mais dans le public, dans notre société, dans la réalité de nos insertions sociales et politiques. Peut-être faudrait-il, un temps, vivre d’une valise, aller voir ailleurs, à Bollywood ou en Chine, voir comment on peut survivre et aimer notre métier… »
« Je revois les images de Coutard en chaise roulante avec Godard sur les Champs-Elysées sur le tournage d’A bout de souffle, je pense qu’à l’époque beaucoup de gens du métier pensaient : " Petit con ! ". Aujourd’hui, être un nouveau JLG ne me paraît pas forcément une mauvaise idée. Je suis amenée à rencontrer beaucoup de jeunes réalisateurs et ce qui les rapproche, c’est le désir d’une certaine transversalité. Ils ont pour la plupart des désirs qui croisent à la fois le cinéma hollywoodien et le cinéma d’auteur européen... Ils aimeraient passer d’un genre à l’autre, ils ne détestent ni les effets spéciaux ni les drames psychologiques, ils ne se définissent pas dans la détestation mais dans une forme de joie, d’envie de jouer. Je vois des gens qui ne me semblent pas être une génération triste, résignée à la mort du cinéma, ni non plus asservis au dogme du grand spectacle. »
Et pendant ce temps, Scorsese tourne à Paris l’histoire d’un enfant qui vit dans la gare Montparnasse et rencontre Georges Méliès...