L’impact de la crise sanitaire sur l’emploi intermittent dans le spectacle en 2020 étudié par l’Unédic

Une étude, publiée en mars par l’Unédic, analyse l’impact de la crise sanitaire sur l’emploi des intermittents du spectacle en 2020 et révèle d’importantes disparités entre les diverses branches et selon les métiers du secteur culturel. Les métiers les plus touchés par la crise étant les professions techniques du spectacle vivant, celles de la lumière – éclairagistes et électriciens –, de la machinerie et du plateau, dont l’activité a diminué de moitié par rapport à 2019.

De fortes disparités selon les secteurs et selon les métiers
En 2020, l’activité dans le spectacle intermittent professionnel a atteint 71 % de l’activité de 2019. En fonction des branches professionnelles, cette baisse d’activité a été plus ou moins forte. Ainsi, les branches du spectacle enregistré ont été peu impactées par la crise sanitaire, la production de films d’animation a même connu une légère hausse d’activité par rapport à 2019. En revanche, la production cinématographique a quant à elle connu une baisse d’activité de 27 %.

Les deux branches les plus sévèrement touchées ont été les prestations techniques au service de la création et de l’événement (-58 %) et le spectacle vivant privé (-50 %). Ces deux branches ont été les plus exposées aux mesures de confinement et de couvre-feu.
En 2020, l’activité du spectacle vivant n’a atteint que 59 % de son niveau de 2019. Après le confinement du mois de mars, l’activité a repris lentement entre avril et octobre, avant de reculer de nouveau lors du deuxième confinement. A contrario, le secteur du spectacle enregistré a connu une reprise plus rapide, dès la fin du premier confinement en mai. Au mois d’août, l’activité du secteur avait atteint son niveau de 2019, avant de ralentir avec le deuxième confinement de novembre.

Au niveau des métiers, l’étude révèle que l’activité des techniciens a été un peu moins impactée (-24 %) que celle des artistes (-36 %). Cela s’explique notamment par le fait que les branches du spectacle enregistré, moins touchées par la crise, emploient davantage de techniciens. Parmi les artistes, ce sont les métiers de la musique et du chant qui ont le plus subi les conséquences de la crise sanitaire. Parmi les techniciens, ce sont les métiers de la lumière, de plateau, machinerie et structure, très présents dans le spectacle vivant, qui ont été les plus touchés.

De fortes disparités de situation parmi les allocataires intermittents du spectacle
Pour soutenir les intermittents du spectacle fortement touchés par la crise sanitaire, le dispositif d’ "année blanche" a été mis en place. Depuis le 1er mars 2020, l’indemnisation de l’ensemble des allocataires intermittents du spectacle dont la fin de droits intervient entre le 1er mars 2020 et le 30 août 2021 a ainsi été prolongé automatiquement jusqu’au 30 août 2021, qu’ils justifient ou non des conditions permettant une nouvelle réadmission.
Au lendemain du terme de l’année blanche, c’est-à-dire au 1er septembre 2021, un réexamen des droits à l’allocation d’aide au retour à l’emploi sera mené dans les conditions aménagées.

Dans ce cadre, fin décembre 2020, 57 % des allocataires indemnisables au titre des annexes 8 et 10, avaient déjà atteint le seuil minimum de 507 heures requis pour une nouvelle ouverture de droits. Cette proportion diminue si l’on observe uniquement la population des artistes (annexe 10) qui sont moins nombreux à avoir déjà atteint ce seuil fin 2020 (50 %). Les techniciens sont quant à eux 65 % à avoir cumulé 507 heures dans le secteur du spectacle à la fin de l’année 2020.

L’étude pointe également une importante disparité de situation en fonction de la date de fin de droits des allocataires intermittents du spectacle. Ceux qui avaient ouvert un droit plusieurs mois avant le début de la crise et dont la fin de droits intervient rapidement après le début de la crise seront couverts au titre de la prolongation plus longtemps que ceux qui venaient d’ouvrir un droit quand le 1er confinement a été décrété.

Un exemple : Julien a ouvert un droit le 1er avril 2019, il est indemnisé à ce titre jusqu’au 1er avril 2020, puis bénéficie de la mesure d’année blanche jusqu’au 31 août 2021. Au moment de l’examen de ses droits au 1er septembre 2021, sa période de référence pour la recherche de son affiliation (PRA) pourra remonter jusqu’au 1er avril 2019, date de sa précédente ouverture de droits, soit une PRA de 29 mois dont 12 mois hors période de crise.
Un autre exemple : Sophie a ouvert un droit le 1er février 2020. Elle est indemnisée jusqu’au 1er février 2021, puis au titre de l’année blanche jusqu’au 31 août 2021. Au moment de l’examen de ses droits au 1er septembre 2021, sa période de référence affiliation (PRA) pourra courir jusqu’au 1er février 2020, date de sa précédente ouverture de droits, soit une PRA de 19 mois dont 1 mois hors période de crise.

Parmi les 30 000 personnes ayant ouvert un droit entre mars et juin 2019, 86 % avaient déjà cumulé 507 heures fin décembre 2020. A contrario, seulement 40 % des 39 000 personnes ayant ouvert un droit entre novembre 2019 et février 2020 avaient atteint le seuil de 507 heures de travail à la fin de l’année 2020.

Des revenus en forte baisse en 2020
Conséquence de la baisse d’activité, une majorité d’allocataires ont vu leur salaire moyen baisser en 2020 : 45 % des allocataires ont perçu un salaire mensuel brut inférieur à 500 €, contre 9 % en 2019. Le salaire mensuel brut moyen des allocataires intermittents du spectacle est passé de 1 450 € en 2019 à 910 € en 2020. Cette perte de salaire a été en partie compensée par une augmentation de l’indemnisation, ce qui a limité la perte de revenus des allocataires intermittents du spectacle (-10 % en moyenne).

(Source Unédic)