L’incroyable redécouverte de "Metropolis", de Fritz Lang

Par Julien Bordier

L’Express, 4 juillet 2008
L’une des scènes manquantes de la version originale de Metropolis, de Fritz Lang, a été retrouvée à Buenos Aires. Après l’enregistrement inédit d’un entretien avec John Lennon et Paul McCartney, retrouvé au fond d’un garage londonien, ce sont 25 minutes de scènes manquantes de Metropolis, le chef d’œuvre muet de Fritz Lang, qui ont été retrouvées à Buenos Aires.

Plus de 80 ans après sa sortie, Metropolis, chef d’œuvre muet du réalisateur Germano-Autrichien Fritz Lang (1890-1976), va enfin pouvoir être visionné dans sa version originale après la découverte d’une copie originale contenant la quasi-totalité des scènes manquantes, soit près de 25 minutes de pellicule. En dépit de la mauvaise qualité des images retrouvées, il est donc désormais possible de compléter ce long métrage réalisé en noir et blanc en intégrant les scènes manquantes.

Parmi elles, deux scènes sont particulièrement importantes pour la compréhension et la structure du film. L’une montre un taxi circulant dans la ville futuriste divisée en deux, où Freder Fredersen, le fils du dirigeant de la ville haute de Metropolis, tombe amoureux de Maria, une femme de la ville basse. L’autre présente une dispute entre deux personnages secondaires.

Incroyable résurrection
Metropolis a été présenté pour la première fois en janvier 1927 à Berlin. Boudé à sa sortie par les critiques et le public, les représentants de la production américaine Paramount décident de couper quelques scènes du film allemand le plus cher jamais réalisé à l’époque afin de simplifier l’action. La version originale, projetée à Berlin jusqu’en mai 1927, a ensuite été considérée comme perdue pour toujours.

L’hebdomadaire allemand DieZeit a reconstitué le parcours de cette incroyable résurrection. Tout commence avec Adolfo Z. Wilson, responsable à Buenos Aires de la société de distribution Terra Film. En 1928, il fait l’acquisition de la version longue de Metropolis et l’envoie en Argentine afin de la montrer à l’écran. Peu de temps après, Manuel Peña Rodriguez, un critique de cinéma, met la main sur les bobines, les ajoutent à sa collection personnelle, puis, dans les années 1960, les revend au Fond national artistique argentin où - encore aujourd’hui ! - personne ne semble vraiment prendre conscience de la valeur de cette pellicule.

Le 3 juillet 2008, Paula Félix-Didier, conservateure du Musée du cinéma de Buenos Aires, présente les scènes retrouvées de Metropolis .

En 1992, une copie des bobines rejoint les collections du [Musée du cinéma de Buenos Aires.

Quand il y a un an, Paula Félix-Didier devient la conservateure de l’institution, son ex-mari, directeur du département cinéma du Musée des arts latino-américains, lui raconte une récente conversation avec le directeur d’un ciné club. L’homme se souvient avoir été surpris par la longueur du Metropolis projeté il y a des années. Une plongée dans les archives et voilà la version quasi-complète de Metropolis retrouvée.

Quasi-complète car il manque encore une courte séquence dans laquelle Freder Fredersen attend Maria dans une cathédrale où un moine prédit l’apocalypse.

Affaire à suivre.

(Julien Bordier, L’Express du 4 juillet 2008)