L’instantané du photographe de plateau dans le viseur de champ du CNC

La Lettre AFC n°306

Le site Internet du CNC, qui égrène un a un depuis plus d’un an les métiers du cinéma, vient de publier, fin février, "Le photographe de plateau, un témoin qui capture l’instant". Un article dans lequel Jean-Claude Moireau, PFA, explique son approche d’un travail qui consiste à résumer en quelques prises de vue l’ambiance et l’histoire racontée d’un film. Extraits...

Engagé par la production, ce professionnel de l’image est présent pour immortaliser aussi bien le tournage des scènes que les répétitions ou les moments entre les prises. Autant de clichés qui serviront à la promotion du film. [...]
« J’ai tendance à oublier le marketing, ce n’est pas mon domaine et les photos que je préfère ne sont pas forcément celles qui seront utilisées pour les magazines et les salles de cinéma. C’est très subjectif », confie Jean-Claude Moireau, qui a notamment travaillé sur tous les films de François Ozon, de Sitcom à Grâce à Dieu (il est également membre de l’association Photographes de Films Associés).

Sur le plateau, il capture l’instant sans pour autant chercher à faire des photos en pensant à une affiche possible. « On ne sait pas à l’avance quelles photos seront sélectionnées. Il y a une clause dans notre contrat qui nous permet de toucher des droits pour l’affiche si l’un de nos clichés est choisi. Mais il y a différents cas de figure : la production peut miser sur un dessin ou une capture d’écran. »

L’importance de la lumière
Etape essentielle avant de se rendre sur le tournage, la lecture du scénario. « Il faut savoir où on met les pieds », confirme Jean-Claude Moireau. « Si je n’ai pas encore travaillé avec le cinéaste et si ce dernier souhaite me rencontrer, il peut me préciser ce qui est important pour lui. Personnellement, je ne pose pas toujours la question. Si on me fait venir tel ou tel jour, c’est pour une bonne raison ».
Aujourd’hui, le photographe de plateau n’est plus engagé chaque jour du tournage, en grande partie pour des raisons budgétaires. « Certaines productions choisissent les jours où sont rassemblés tous les comédiens principaux, mais ce ne sont pas toujours les moments les plus intéressants. »

S’il garde une grande liberté sur le plateau, le photographe doit travailler avec le chef opérateur pour respecter l’esthétique et la lumière du film, même si l’étalonnage change un peu la donne par la suite. Savoir à l’avance si des filtres sont utilisés pour certaines séquences - et lesquels - peut éviter des déconvenues. « Je me rappelle qu’une fois - heureusement ça a été la seule -, rien ne m’avait été précisé et je n’avais pas eu l’occasion d’en parler avec le chef opérateur. Résultat : si le cadre et l’expression des visages convenaient, ce n’était pas du tout l’ambiance souhaitée ! »

Bien connaître le réalisateur du film facilite également les choses. C’est le cas pour Jean-Claude Moireau avec François Ozon. Les deux hommes ont collaboré une première fois pour Sitcom, le premier long métrage du cinéaste sorti en 1998. Un projet qui était également le premier film photographié par Jean-Claude Moireau. « Avec le temps, on a appris à travailler ensemble. Avec François, j’ai appris à ne pas perdre de temps, il faut aller vite, c’est énergie et concentration. Il a également pris l’habitude, depuis quelques films, de me faire venir le jour des essais filmés. Il y a beaucoup de photos à faire ce jour-là. Certaines d’entre elles seront utilisées dans un décor donné après avoir été retravaillées par l’équipe décoration : ça a été le cas pour Frantz, où il y avait un grand besoin de photos de famille anciennes en noir et blanc ou sépia ».

En vignette de cet article, une vue du tournage de Frantz, de François Ozon - Photo Jean-Claude Moireau.