LTC... Laurent Dailland, AFC témoigne

Il est évident que la disparition annoncée des Laboratoires Frasnay nous touche tous. Si j’emploie ce terme plutôt que LTC, c’est pour souligner que nos fournisseurs, il y a quelques années, étaient des " noms ", des " familles " , des " personnes ". Aujourd’hui, les visages ont laissé la place à des " spectres " agissant d’on ne sait où pour on ne sait qui... Tellement plus simple d’endosser le costume de Ponce Pilate.

Hier j’ai longuement parlé avec Fériel et je me suis rendu compte de " vive voix " de l’ampleur du désastre. Depuis des années nous savons tous que les industries cinématographiques françaises sont malmenées par l’évolution des montages financiers de nos films.
Il est intéressant de voir qu’en même temps que l’on ferme nos outils de travail, on tente de faire passer aux forceps une nouvelle convention collective très inquiétante pour la pérennité de nos métiers et leur transmission ; et tout cela en présence d’un CNC qui botte en touche.

Pourtant mobilisation il y a. Récemment encore devant ce CNC lors de la protestation contre l’agrément du film de Jean-Jacques Annaud, j’ai vu que nous existions ! (Notre équipe avait négocié un changement d’horaire sur notre tournage afin que nous puissions être présents).
Depuis hier soir, je repense au gens que j’ai croisés là-bas et lors d’un précédent " problème ", il y a quelques années, mon étalonneur, Pierre Lascroux, délégué syndical, avait été purement et simplement licencié.

Je repense aussi à l’odeur des salles de projections où nous avons tous vécus des moments difficiles mais aussi de grandes émotions. Aujourd’hui, je pense surtout aux personnes, rien n’est pire que d’être bafoué dans son amour du travail. Je sais que le mot est tristement à la mode, mais je suis " indigné ". Fériel, Christian, Varujan et vous tous, dans vos blouses blanches, que j’ai croisés discrètement dans ce labyrinthe de couloirs, je suis à vos côtés et je vous enverrai jeudi un maximum de monde.

Laurent Dailland, 13 décembre 2011