La Charte de l’image 2005

La Lettre AFC n°150

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Charte de l’image

Préambule

L’œuvre cinématographique est au centre de nos préoccupations.

La présente Charte a pour finalité principale :

  • D’appuyer le réalisateur ou la réalisatrice dans son travail de création et de nous donner les moyens de défendre l’intégrité de l’oeuvre dans tous ses aspects visuels, par respect tant pour le public que pour les auteurs.
  • De permettre, en concertation avec le producteur, la recherche et la mise en oeuvre des moyens nécessaires et compatibles avec l’économie du projet.

Dans cette perspective, et parce que les techniques cinématographiques de prise de vues, de postproduction et de diffusion ne cessent d’évoluer, il est nécessaire de
redéfinir les responsabilités et les obligations du directeur de la photographie.

1 - Définition du terme Directeur de la Photographie

Il s’est appelé Cinégraphiste ; il ou elle s’appelle “Cinematographer” ou “Director of
Photography” ou encore “Lighting Cameraman” dans les pays anglophones, “Autore
della fotografia” en Italie ; en France, il est désigné sous le terme de Directeur de
la Photographie sur la carte d’identité professionnelle délivrée par le Centre National
de la Cinématographie.

Selon la définition de fonction du CNC, il est responsable de la qualité artistique
et technique de l’image du film.

Il ou elle est responsable de tout ce qui a trait à la fabrication de l’image du film qui sera vue par le spectateur, sachant que celle-ci résulte de la collaboration de nombreuses personnes et secteurs d’activité (le travail du réalisateur tout d’abord, le décor, les costumes, le montage, l’étalonnage, etc).

Il est choisi en principe par le réalisateur, parfois par le producteur, pour ses compétences et son savoir-faire, son sens artistique et ses aptitudes à concevoir et réaliser les images qui conviennent au scénario et à la mise en scène, ainsi que pour ses qualités relationnelles et de chef d’équipe.

Il est aussi responsable, avec le directeur de production, de la cohérence des moyens mis en oeuvre pour réaliser ces images dans le cadre des conditions économiques de la production.

Pendant la préparation et le tournage, le directeur de la photographie est collaborateur de création et participe au découpage et aux choix des cadres. Sa part créative se manifeste surtout dans le choix et l’exécution de la lumière du film et l’enregistrement de l’image quels que soient les supports de tournage et d’exploitation. Ces deux responsabilités importantes nécessitent, en amont du tournage, la maîtrise par le directeur de la photographie d’un certain nombre de choix qui auront une incidence sur la qualité de l’image et, en aval, le contrôle des travaux de finition, de tirage et de transfert pour que l’image vue par le spectateur, quel que soit le support, soit fidèle aux choix artistiques.

Toutes les décisions sont portées à la connaissance du réalisateur et du producteur du film.

2 - Etude du projet avec la réalisation et la production

  • Après lecture du scénario, discussion avec le réalisateur sur l’approche stylistique du film.
  • Affiner les options stylistiques et rechercher les meilleurs moyens de les mettre en oeuvre.
  • Prévoir les essais artistiques et techniques.
  • Prolonger ces discussions avec les principaux chefs de poste (décor, costumes, maquillage, effets spéciaux, son).
  • Prise en compte des aspects financiers.
  • Estimation du temps de préparation, des repérages, constitution des équipes de repérage (cadreur, chef machiniste, chef électricien ...)
  • Etude du plan de travail.

3 - Définition de la filière technique

Il s’agit d’établir une cohérence entre le projet artistique, les moyens techniques et financiers de production et de postproduction et les différents supports de diffusion.

Ce travail s’effectue en concertation avec le réalisateur et le directeur de production, les différents responsables techniques concernés (prestataires, loueurs, fournisseurs, autres chefs de poste, etc). Selon la complexité du projet, cette étape du travail se fera en collaboration avec un ou plusieurs consultants (trucages, cascades, effets spéciaux, etc.) et/ou le directeur de postproduction.

Choix déterminants :

  • Support de prise de vues (pellicule, numérique, formats)
  • Type(s) de caméra(s)
  • Prestataires et fournisseurs
  • Loueurs
  • Trucages et effets spéciaux
  • Laboratoire(s) et postproduction
  • Rushes, support des rushes (film, Beta Num, Beta SP, DVD, autres), conditions de visionnage.

4 - Constitution de l’équipe Image

Le directeur de la photographie choisit (ou approuve) son équipe :

  • Le cadreur
  • Les assistants opérateurs (premier et second) et vidéo
  • Le(s) stagiaire(s) caméra et vidéo
  • Le directeur de la photo 2e équipe
  • Les cadreurs additionnels (2e caméra, Steadicam, prises de vues aériennes, etc.)
  • L’équipe électrique
  • L’équipe machinerie
  • L’ingénieur de la vision numérique
  • Les étalonneurs argentique et numérique
  • Le superviseur des effets spéciaux
  • Le(a) chef maquilleur(euse)

Le directeur de la photographie, en tant que chef de poste, veille à ce que soient
respectées, au sein de son équipe, les règles de déontologie et de sécurité.

5 - Essais et tournage

  • Le directeur de la photographie précise et concrétise les choix artistiques envisagés par des essais techniques. Cela concerne l’image dans toutes ses dimensions : les choix de mise en scène, les décors, les costumes, le maquillage, les traitements particuliers, les effets spéciaux, etc...
  • Lors des essais techniques, il ou elle supervise l’établissement d’une mire de cadrage qui servira de référence pendant le tournage, le montage, la postproduction, etc., et, si besoin est, d’images de référence pour tout traitement numérique et argentique.
  • Si, en tournage, il est bien évidemment responsable de la conception et de la réalisation de l’image, il travaille avec les autres départements afin de résoudre tous les problèmes qui peuvent survenir et participe à l’organisation du travail au jour le jour (feuille de service, horaires, estimation des moyens et du temps nécessaires).
  • Il collabore avec la (le) script(e) pour résoudre les problèmes de continuité.
  • Sachant que la qualité des rushes détermine une part des décisions en cours de tournage et au montage, que ceux-ci peuvent servir - en sortie d’Avid, ou autre - à des projections diverses (acheteurs, “preview”, presse, festivals, coproducteurs, etc.), le suivi de la qualité des rushes est déterminant et relève de la responsabilité du directeur de la photographie. Il valide les rushes avant leur utilisation par le montage et fait effectuer les corrections d’étalonnage qu’il juge indispensables.

6 - Montage et finitions

Le directeur de la photographie se tient à la disposition du montage pour apporter d’éventuelles corrections expérimentées sur les systèmes de montage analogique ou virtuel (Avid, Lightworks ou autre). Il contrôle la qualité des retirages, notamment ceux relatifs aux trucages, celle de tout traitement particulier de l’image en fonction de l’évolution du montage, ainsi que le tirage de la “conformation” 35 mm.

Le directeur de la photographie doit être régulièrement tenu informé de l’évolution du planning des finitions par la production, le montage et le(s) laboratoire(s).

Il supervise les finitions suivantes :

  • la finalisation des trucages : vérification des scans, des shoots et des intermédiaires.
  • la vérification des éventuels changements de format de diffusion
  • les essais complémentaires relatifs à la texture finale de l’image
  • l’étalonnage argentique et/ou numérique
  • les interpositifs et internégatifs et tous les éléments destinés à l’étranger
  • la copie standard de référence
  • les copies de séries
  • les masters pour la diffusion numérique
  • le film annonce.

L’AFC rappelle que le directeur de la photographie devra être consulté par les distributeurs, les diffuseurs et les laboratoires concernés pour contrôler la conformité des copies (film, masters numériques, DVD ou autres) avec la copie standard de référence.

En cas d’indisponibilité, le directeur de la photographie délègue tout ou partie de ce travail à une personne de son choix en accord avec la production et le réalisateur.

Ont collaboré à la rédaction de cette Charte

Directeurs de la Photographie :

Robert Alazraki, Diane Baratier, Gérard de Battista, Jean-Jacques Bouhon, Dominique Bouilleret, François Catonné, Rémy Chevrin, Bruno Delbonnel, Jean-Marie Dreujou, Etienne Fauduet, Jean-Noël Ferragut, Eric Gautier, Dominique Gentil, Jimmy Glasberg,
Gilles Henry, Willy Kurant, Pierre Lhomme, Jacques Loiseleux, Armand Marco, Jean-François Robin, Charlie Van Damme.

Consultants :

Luc Barnier, monteur, Luc Béraud, réalisateur, Edith Colnel, directrice de production, Yvon Crenn, directeur de production, Didier Dekeyser, Laboratoires Eclair, Tommaso Vergallo, Digimage.

Messages

  • Je ne paraphraserais pas ce qui a été dit par ma collègue au dessus, mais je pense en effet que le photographe de plateau mériterait amplement d’être cité au sein de l’équipe image également.
    Il est vrai que l’on se fait malheureusement de plus en plus rares sur les plateaux, étant souvent remplacés par des photographes d’agence qui passent un jour par-ci un jour par-là et ne suivent plus le tournage sur sa continuité...

    Peut-être a bientôt sur un plateau.

    Julien

    Voir en ligne : http://julienetienne.info

    • Hello,
      Moi qui suis à cheval entre cinéma et photographie, je sais ce qu’il en est des complications que génèrent les problèmes d’interprétation des métiers. Je ne peux donc pas du tout être d’accord avec vous. D’autant qu’en tant que photographe, je respecte bien évidemment votre métier qui est le mien.

      Il est souvent compliqué quel que soit le métier d’interpréter la hiérarchie et en particulier lorsqu’il existe des termes aux consonances proches pour des métiers totalement différents, ce qui est particulièrement le cas pour la photographie d’un film opposée à la photographie du plateau. Et je peux comprendre que le photographe de plateau se sente sous valorisé pour être mis dans une case différente de celle de la fabrication du film.

      Cependant, dans ce cas précis, il ne s’agit nullement de dénigrer. Lorsque l’on parle de l’équipe image, on parle de l’image du film, et pas de celui de l’ensemble des images de la production. Il serait délicat, voire dangereux pour les générations futures de mettre tout le monde dans le même bloc, au risque de faire des erreurs dramatiques, comptables, casting, etc, etc. Sans pas parler de l’enseignement futur.

      Le directeur de la photographie crée et règle la lumière indispensable à l’éclairage de la pellicule ou du capteur de la caméra. Il a un travail plus ou moins technico-artistique suivant le projet, les goûts du réalisateur et les moyens mis à disposition par les producteurs. Il intervient le plus souvent en amont et en coordination avec le réal et le producteur. Il est indispensable au film. Photographier signifie littéralement " écrire avec la lumière " et sans lumière... Pas de film.

      Si effectivement les photographes de plateau bénéficient de cette même lumière mise en place par le premier, pour les images de la mise en scène, voire du making of ce qui leur donne souvent des images très similaires au film, ils ne participent absolument pas à la création du film TEL QU IL SERA PROJETE EN SALLES, mais à sa promotion, ce qui n’est pas du tout la même chose. Le photographe de plateau est beaucoup plus près du producteur qu’il aide que du réalisateur dont il encombre le plateau (c’est du vécu de photographe de plateau là, on est toujours où il ne faut pas et les gens nous supportent plus qu’ils ne nous apprécient vraiment).

      Du coup, il n’est ni utile, ni justifié de faire rentrer en force des métiers différents dans une case par principe, par goût ou par égo.

      Si les photographes de plateau me semblent indispensables au bien vécu du film pendant et après la production sur le plateau (l’iPhone, c’est bien, mais ça ne vaut pas une personne dédiée avec un vrai matériel... D’autant que j’y travaille moi-même, pour le coup j’y tiens), pour en faire un maximum au niveau de la crédibilité, de la publicité ainsi que simplement du souvenir commun et pour montrer la création de l’intérieur aux autres ainsi qu’aux générations futures.

    • Je pense d’ailleurs qu’il faudrait changer la dénomination de " photographe de plateau " (ambiguë d’abord et qui commence à vieillir ensuite, du fait que de plus en plus de photographes de plateaux doublent leurs photos avec un making of vidéo).

      On pourrait dire " reporter de plateau " ou quelque chose d’approchant et les problèmes seraient réglés.

  • Bonjour,
    Je suis photographe depuis plus de vingt ans, et me consacre uniquement à la photographie de plateau depuis maintenant 3 ans.
    J’ai pris connaissance de la charte de l’image, publiée sur votre site.
    Celle-ci a le mérite de poser les rôles clairement, mais me fait réagir sur un point bien particulier :
    Pourquoi le photographe de plateau ne fait-il pas partie, dans cette charte, de l’équipe image ? Ceci me paraît être un non-sens, (ou peut-être un oubli ?). En effet, même si le travail du photographe de plateau est surtout destiné à la promotion du film, donc utilisé en post-prod par la production, il n’en reste pas moins un technicien à part entière de l’équipe image. Il serait inenvisageable, par exemple, qu’un photographe de plateau ne se sente pas directement concerné par le travail du chef opérateur : tout le travail du photographe de plateau va consister à s’adapter aux choix du chef opérateur, à être le plus fidèle possible à ses orientations et partis-pris, à adapter la technologie de son matériel et sa technique aux contraintes du chef opérateur.Son travail sera donc accompli dans la mesure où il reflêtera au mieux celui du chef-opérateur. Il est donc évident que le photographe de plateau fait partie intégrante de l’équipe image, que celle-ci peut également, grâce aux nouvelles techniques numériques s’appuyer sur les résultats du photographe, les visualiser très rapidement.....
    Même si le travail du photographe de plateau reste ambigu et assez flou quant à la finalité de son travail , il n’en reste pas moins que la technicité, l’engagement sur le tournage, fait de lui un élément à part entière de l’équipe image.
    Un chef opérateur serait-il satisfait d’un photographe de plateau qui, par un travail de mauvaise qualité, dénaturerait ses choix de lumière, de profondeur de champ....????

    J’espère très sincèrement qu’un jour le photographe de plateau sera parfaitement intégré dans l’équipe image , et considéré comme un élément prépondérant à la promotion du film.

    Bien cordialement,
    Emmanuelle RIO
    Photographe de plateau
    http://em.rio.free.fr