La Panasonic Varicam vue par ses utilisateurs
Par François Reumont pour l’AFCPhilippe Ros, AFC
C’est en prenant pour exemple un très court métrage tourné en noir et blanc spécialement pour l’occasion (Escapade, dans lequel une enfant en pyjama déambule près du métro Passy à la recherche d’un disjoncteur pour éteindre la tour Eiffel), Philippe Ros, a démontré l’intérêt d’exploiter les capacités en très basses lumières de la caméra, tout en se passant du filtre infrarouge situé entre l’arrière de l’optique et du capteur. Un dispositif presque expérimental qui l’a mené à constater une plus grande latitude de travail dans le monde monochromatique. Remplacé par un filtre neutre pour conserver le calage correct de l’optique, la caméra enregistre alors une image couleur déformée avec des saturations complètement fantasques dont le chef opérateur va tirer parti pour ensuite étalonner en noir et blanc. Utilisant en parallèle deux préréglages de balance des blancs (2 400 et 2 800 K) avec des compensations en magenta ou vert, il a enregistré les rushes en AVC Intra 4K 10 bits 422.
Tourné majoritairement à 800 ISO, avec quelques plans à 1 250 ou 2 500, la Varicam permet alors de sortir des images peu bruitées, avec des gammes de gris très onctueuses. Le contrôle sur le tournage s’effectuant via un oscilloscope.
Antoine Heberlé, AFC
Autre point de vue, autre utilisation, celle d’Antoine Heberlé qui témoigne du tournage du film Une vie, adapté de Guy de Maupassant par Stéphane Brizé.
Un travail en très basses lumières pour un film d’époque reposant essentiellement sur les bougies ou les lampes à huile. Et qui fait la part belle à un naturalisme absolu en termes de lumière.
Utilisé à 5 000 ISO, la caméra génère alors une image avec une certaine texture qui n’est pas sans rappeler celle du grain à l’époque du film.
« Des tests préalables en 35 mm 3p avaient même été effectués », raconte Antoine Heberlé, « mais le format 1,33 que voulait absolument le réalisateur n’était pas compatible avec cette technique. »
Agrémentée de nombreux extraits du film (qui sort en France en salles le 23 novembre), l’intervention du chef opérateur a permis de se rendre compte des choix de mise en scène assez radicaux faits par le metteur en scène. Une vision ténébreuse du premier roman de l’auteur de Bel ami, qui devient également sa cinquième adaptation à l’écran...