La cheffe opératrice Evelin van Rei à l’honneur du "Film français" quotidien

Le Quotidien cannois du Film français publie dans ses pages des courts articles relatant les Déjeuners qu’il organise avec des personnalités du cinéma présentes à Cannes. Dans son numéro du 26-27 mai, il avait invité la jeune directrice de la photographie Evelin van Rei, qui recevra l’Encouragement Spécial Angénieux lors de l’Hommage à Darius Khondji, AFC, ASC.

Vous êtes la bénéficiaire 2022 du prix Encouragement Angénieux. Que représente-t-il pour vous ?
Je ne connaissais pas ce prix, mais c’est fabuleux d’avoir été choisie face à d’autres talents du monde entier. C’est merveilleux de recevoir ce prix, j’espère qu’il m’ouvrira de nouvelles portes et me permettra de rencontrer de nouvelles personnes avec lesquelles collaborer.

Comment avez-vous commencé la photo en autodidacte ?
Je veux faire de l’art et du cinéma depuis que j’ai vu mon premier film en salle vers 11 ou 12 ans. J’ai grandi aux Pays-Bas et je suis partie au Royaume-Uni à 19 ans pour étudier le cinéma et la télévision. Je me rappelle que mon mentor à l’université me disait d’entraîner ma vision, de développer mon œil et ma façon de cadrer, de composer l’image. Donc j’ai travaillé les images statiques et en mouvement . Je voulais d’abord être réalisatrice, avant de me rendre compte que l’image m’attirait plus, que je préférais être derrière la caméra.

Vous représentez beaucoup les femmes dans votre travail. La figure féminine est importante pour vous...
Je suis une femme, et, dès l’université, j’ai voulu explorer les femmes représentées dans le cinéma, notamment la question de leur sexualisation. En tant que Néerlandaise, la nudité du corps féminin est normalisée pour moi, sexualisée ou non, et cela devrait s’appliquer aux autres corps. Mais en particulier dans le cinéma, c’est très ancien de régir comment les femmes doivent paraître. J’essaie de changer les règles de la représentation des femmes par rapport à leur rôle dans le cinéma. Par exemple, pour la cérémonie de remise de mon prix, je ne porterai pas de maquillage car je n’en mets pas.

(Propos recueillis par Mathilde Trocellier, pour Le Film français)

En vignette de cet article, Evelin van Rei en tournage - Photo Richard Bevan