"Laci és Vili" - Un docu-fiction sur l’Ecole hongroise de la cinématographie

Contre-Champ AFC n°312

Laci et Vili sont les diminutifs de Laszlo (Kovacs) et de Vilmos (Zsigmond). Ce docu-fiction de 52’ – conçu et tourné par la HSC (Association hongroise des directeurs de la photographie), réalisé par Emil Novák, avec Lajos Koltai, HSC, ASC, comme narrateur –, prend prétexte du parcours de ses deux plus illustres représentants pour évoquer l’enseignement que dispensait la célèbre école de cinéma de Budapest au sortir de la Seconde Guerre mondiale.

Alors que l’Ecole supérieure d’art dramatique et cinématographique de Budapest, créée en 1949, traverse aujourd’hui une zone de turbulence, confrontée au pouvoir en place, ce documentaire, réalisé en 2018, vient rappeler la qualité de l’enseignement qui y fut dispensé durant plusieurs décennies.
Pour Vilmos Zsigmond, tout commença dans son adolescence par la découverte d’un ouvrage du photographe Jenő Dulovits (Művészi fényképezés) et l’utilisation quasi systématique de la lumière en contre-jour. Jenő Dulovits signa même, en 1944, les images d’un court métrage d’István Szőts, Kádar Kata, où l’on voit bien l’influence qu’il a pu avoir sur le jeune Vilmos quant à l’art et la manière de filmer les paysages. Quelques années plus tard, alors exilé aux Etats-Unis, Vilmos Zsigmond cherchera un ouvrage similaire consacré à la lumière au cinéma et finira par trouver celui d’un autre Hongrois, János (John) Alton, Painting With Light.

Művészi fényképezés / La photographie artistique (Jenő Dulovits)
Művészi fényképezés / La photographie artistique (Jenő Dulovits)

Lajos Koltai rappelle ensuite l’importance des grands directeurs de la photographie hongrois qui ont forgé la pédagogie de l’école – Béla Bojkovszky et György Illés, mais aussi des "classiques" comme István Eiben (une référence pour Zsigmond) et Barnabás Hegyi –, et durablement marqué des générations d’opérateurs. Le documentaire cite aussi János (Jean) Badal qui enseigna avant de venir s’installer en France. On se souvient qu’en 1978, recevant un Oscar pour Rencontres du troisième type, Vilmos Zsigmond remercia ses « vieux maîtres de l’école hongroise de cinéma, Illés György, Bojkovszky Béla et János Badal », oubliant au passage le réalisateur, Steven Spielberg !

Trois maîtres de la cinématographie hongroise mais aussi trois grands pédagogues - Capture d'écran
Trois maîtres de la cinématographie hongroise mais aussi trois grands pédagogues
Capture d’écran

Entrecoupé de quelques scènes de fiction qui reconstituent des moments du travail à l’école ainsi que la fuite de Laszlo Kovacs et Vilmos Zsigmond en 1956, enrichi par les témoignages de Sándor Sára, HSC, et de Támas (Thomas) Vámos, HSC, ce documentaire vient nous rappeler l’importance d’une "école" hongroise de la cinématographie, dont Lajos Koltai lui-même mais aussi Mátyás Erdély, HSC, ou Guyla Pados, HSC, plus récemment, sont les dignes héritiers.

(En vignette de cet article, Lajos Koltai dans son rôle de narrateur)

  • Documentaire (sous-titré en anglais) à voir sur le site Internet de la HSC :

    https://youtu.be/Lxgb8YQ3_5w