Le Beau monde

J’ai rencontré Julie Lopez Curval pour un film qui ne s’est pas fait en 2010. Mais nous nous étions beaucoup vues, de longues séances de discussion, autour du scénario, d’images photographiques, de repérages… Du coup, quand elle m’a rappelé un an et demi plus tard pour Le Beau monde, j’ai très vite eu l’impression qu’une bonne partie du chemin avait déjà été parcourue...

Cette période où l’on se renifle, où l’on apprend à avoir un langage commun, à tenter de comprendre les logiques de l’autre, ce qui l’anime, ses goûts de cinéma, ses envies de cinéma... C’est pourquoi faire un deuxième ou troisième film avec un(e) cinéaste est une expérience si riche car elle permet d’être au cœur des choses, de ne pas se perdre dans les périphéries, de mettre son énergie au bon endroit…

Céline Bozon, à droite, et Catherine Georges, en arrière-plan, sur le tournage du "Beau monde" - Photo Christine Tamalet
Céline Bozon, à droite, et Catherine Georges, en arrière-plan, sur le tournage du "Beau monde"
Photo Christine Tamalet


Quand nous avons commencé à préparer le film, c’était le début de la caméra F55 de chez Sony, j’en avais parlé avec Yves Cape et Caroline Champetier. J’avais vu des essais faits par TSF, Danys Bruyère et consort ; un gros plan de visage dans une lumière grise et étale, en comparatif avec la caméra Alexa, m’avait convaincue. Je trouvais d’emblée la carnation plus belle, plus riche en couleur, plus présente, plus charnelle. Finalement, c’est les essais les plus simples et convaincants qui soient, un gros plan de visage, non maquillé, un ciel gris, une lumière étale et terne.

Nous avons fait deux séries d’essais, ce qui est vraiment pour moi une manière de travailler la matière ; dégrossir, dans un premier geste, les supports, ce vers quoi va le film et dans un deuxième temps affiner, préciser les choses comme dans un laboratoire, les optiques (nous avons opté pour un zoom Angénieux 28-76 mm), les filtres (Classic Soft, j’aime beaucoup les doubles images dans les zones de très haut contraste, soleil, etc.), la question de la pose, des visues plateau (Rec 709 sur ce film), etc. Le laboratoire était Eclair et mon étalonneuse, Raphaëlle Dufosset.
Grâce à Raphaëlle nous nous sommes rendus compte que la débayerisation en S-Log 2 ou 3 proposée par Sony rendait beaucoup moins brillante l’image que l’image debayerisée en Cinelog. Or Sony avait retiré cette courbe du logiciel et il a fallu que l’équipe d’Eclair, grâce aussi à l’aide de Thierry Beaumel, la réintègre dans les machines.
J’aime beaucoup la mollesse et la grande douceur dans la manière dont le flou se dégrade avec cette caméra ; elle est très enrobante, très enveloppante, caressante. Il n’y a pas ce côté abrupt du passage de la zone de netteté à la zone de flou qu’ont d’autres caméras numériques.

C’est un film que j’aime beaucoup, qui me touche, que je trouve très délicat, très féminin, je n’aime pas beaucoup cet adjectif et pourtant j’ai, là, l’impression qu’il est juste ; et que cette délicatesse et cette féminité sont liées dans le film par ses thématiques propre : la broderie, l’attente des femmes, le côté " Pénélope " du personnage d’Alice ; une forme d’héroïsme un peu secret, fait de résistance, de patience, de discrétion, de pudeur et d’élégance.

Equipe lumière : Sophie Lelou, chef électro avec qui c’était une première collaboration qui s’est merveilleusement bien passée et Charlie Maupain son électro fidèle et d’une efficacité sans concurrence possible…
Equipe machinerie : Hervé Renoud-Lyat
Equipe caméra : Catherine Georges et Romain Marcel

Équipe

Chef électricienne : Sophie Lelou
Electricien : Charlie Maupain
Chef machiniste : Hervé Renoud-Lyat
Assistants caméra : Catherine Georges et Romain Marcel

Technique

Matériel caméra : TSF Caméra (Sony F55, zoom Angénieux Optimo 28-76 mm, filtres Schneider Classic Soft)
Matériel machinerie : TSF Grip
Matériel lumière : TSF Lumière
Laboratoire : Eclair Group
Etalonneuse : Raphaëlle Dufosset