Le Cheval de fer

Trente ans après sa première sortie, le film de Pierre-William Glenn sur les courses motocyclistes est présenté pendant plusieurs semaines au Cinéma des Cinéastes.

Par son titre, par la manière de vivre qu’il nous présente, Le Cheval de fer est un hommage à John Ford : ce film, qui conte la " chevauchée fantastique " des meilleurs pilotes français à travers l’Europe dans 12 Grands Prix constituant le championnat du monde de vitesse motocycliste, est avant tout un hymne à la vie, à la vie gagnée sur le temps et sur soi-même.

Avec Patrick Pons, Michel Rougerie, René Guili, Bernard Fau et les autres, Le Cheval de fer présente une variation sur les personnages de western : des jeunes gens font le choix de s’accomplir, de vivre leur passion dans un contexte de bruit, de violence et de vitesse : les courses motocyclistes.

Le film commence par un tour du circuit d’Imatra en Finlande, commenté par le meilleur pilote français de l’époque, Michel Rougerie. Avec beaucoup d’humour, il présente les terribles aspects de cette course qui se déroule sur un circuit naturel très dangereux et où, lui-même, après être tombé en 1973, avoir cassé une machine et fini deuxième en 1974, remportera la victoire en 1975.

D’avril à fin septembre, les championnats vont de la France à l’Espagne, en passant par l’Allemagne, l’Italie, la Belgique, l’Autriche, la Suède, la Finlande, la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie. Ces différentes épreuves donnent une image originale des pilotes français plongés dans un mode de vie itinérant et typiquement anglo-saxon.

Entre les courses, le film traite de la peur, des problèmes d’argent, de la sécurité sur les circuits, tout ce qui est le lot quotidien des pilotes.

On y voit aussi l’incapacité criminelle de certains organisateurs de Grand Prix... Le Cheval de fer ne montre pas d’accident mortel. La mort, pourtant présente à chaque virage, à chaque obstacle, est volontairement exclue. Ce sujet-là a été traité par d’autres, on peut même dire : par tous les films sur les sports mécaniques. Si le pathétique existe dans la course motocycliste, ce n’est pas dans l’accident et la chute qu’il faut le chercher, mais bien dans la manière avec laquelle ces coureurs, dont la rage de gagner transfigure les visages concentrés par l’effort, atteignent au sublime au détour d’un virage, dans leur quête de l’équilibre absolu et leur recherche fondamentale du temps gagné...

Dans Le Cheval de fer, on trouvera chez les acteurs une angoisse à vif derrière les plaisanteries, l’humour, la simplicité et la poésie des propos.

Car les pilotes prennent souvent le parti de rire et de faire semblant de ne pas pleurer...