Le Lycéen

Peut-être – et même certainement – le film le plus personnel, et le plus intime, de Christophe Honoré, qui dévoile une partie de son histoire que je ne connaissais pas totalement. Un retour dans des années qui nous ont marqués tous les deux car période où nous avons perdu chacun notre père à la sortie de l’adolescence. Sujet sensible et encore secret pour chacun d’entre nous. Une certaine appréhension d’aborder ce sujet, toujours brûlant car jamais refermé.

Et cependant c’est avec une grande joie que j’ai découvert le scénario plein de force et toujours basé sur le souvenir et l’évocation de moments dont il est impossible de comprendre les mécanismes : le puzzle des sentiments est complexe et Christophe, à travers son script, voulait absolument que le récit soit aussi confus que l’état psychologique de son personnage principal, ce jeune lycéen qui cherche à se re (ou dé) construire. Pour accompagner cette évocation, une couleur et une valeur ont rapidement pris le dessus dans notre préparation et nos repérages : un film d’hiver rose et rouge froid, dans une ambiance de douceur générale, sans ombres dures, sans dureté, presque comme un rêve. Où est la réalité, où est la chronologie des situations ?
Mais aussi un film de gros plan où jamais le personnage de Lucas ne sera abandonné dans un décor. L’esprit qui m’a suivi tout au long du film m’a été soufflé par Christophe au premier jour de notre lecture : ne pas filmer un décor mais filmer un visage, une respiration, un regard. Peu-être même oublier les décors et n’éclairer que des visages toujours lumineux, toujours présents totalement dans l’image. Celui de Lucas, plein cadre dans le format 2,40 sphérique que pour la première fois nous utilisions ensemble avec Christophe.

Paul Kircher
Paul Kircher

Enfin un film tout à l’épaule dans de longs plans-séquences vus par deux axes de prise de vues (au 50 puis 100 mm) pour être au plus près des personnages et sentir leur respiration et leurs émotions impalpables les plus secrètes.
Une rencontre aussi d’exception qui m’a bouleversé : l’immense comédienne qu’est Juliette Binoche et qui est une mère réconfortante et poussante malgré sa blessure.

Juliette Binoche
Juliette Binoche

Merci à toute mon équipe !
Un spécial THANKS à Agnès Letessier pour son exceptionnel travail de point dans des conditions très difficiles, sans répétitions, et à Jérémy Streliski, le chef décorateur, qui a su accompagner avec douceur et subtilité les personnages.
Merci bien sûr à Christophe qui m’a fait confiance pour cette huitième collaboration de cinéma !

Le Lycéen
Production : Les Films Pelléas
Réalisation : Christophe Honoré
Décor : Jérémy Streliski, ADC

  • Bande annonce officielle :

    https://youtu.be/43QRwb5EdNs


    Les images illustrant cet article et dans le portfolio ci-dessous sont des photogrammes issus du Lycéen.

Équipe

Equipe caméra : Agnès Letessier, Sasha Fausset, Joachim Larrieu
Chef électricien : David Kremer
Chef machiniste : Jean-Pierre Deschamps

Technique

Matériel caméra : TSF Caméra (Arricam LT, série Zeiss T1,3, zoom Angenieux)
Matériels machinerie et électricité : TSF Grip - TSF Lumière
Lumière Boa de chez Ruby Light
Laboratoires : Hiventy (argentique) - M141 (postproduction)
Pellicule : Kodak 5219, 5207
Coloriste : Marjolaine Mispelaere

synopsis

Lucas a 17 ans quand soudain son adolescence vole en éclats. Il voit sa vie comme une bête sauvage qu’il lui faut dompter. Alors que son frère est monté à Paris et qu’il vit désormais seul avec sa mère, Lucas va devoir lutter pour apprendre à espérer et aimer de nouveau.