Le Premier homme

The First Man
Je suis très heureux que ce film tourné en 2010 sorte enfin en France ! Ce film a été très dur à faire ! J’en garde surtout un souvenir pour l’expérience humaine qu’il a représentée et ma découverte de l’Algérie.

Heureusement toute mon équipe image m’a suivi dans cette aventure. Il a fallu beaucoup de calme pour rester à bord du navire et aller jusqu’au bout.
Nous avons fait de belles choses et le film, très simple, est très fidèle à ce que Camus voulait raconter dans ce roman inachevé. Gianni Amelio a trouvé un bel équilibre entre les sentiments et le politique, choses finalement assez peu dissociable comme Camus l’a brusquement exprimé dans son discours en Suède.

Gianni Amelio m’avait demandé de pouvoir tourner toutes les séquences de nuit de l’enfance de Camus avec des lampes à huile. J’ai donc travaillé avec un système de guirlande au plafond " dimmé " très bas avec une légère toile au-dessus pour faire une ambiance et des lucioles pour reprendre les effets des lampes. L’impression sur le plateau était très étrange, c’était vraiment très sombre, tout le monde était un peu inquiet des risques que je prenais mais, à l’arrivée, je suis très content de ces séquences, elles sont parmi les plus réussies.

Je connais bien le Maghreb mais l’Algérie a été un vrai choc pour moi. Cela faisait longtemps que je n’avais vu un pays avec une situation si désespérée et cadenassée.
Une grande partie du tournage s’est faite à Mostaganem, une grosse ville moche de province à deux heures d’Oran. J’ai passé mes jours de congés en voiture à sillonner la côte. J’en avais parfois les larmes au yeux tellement le pays est détruit, tellement les gens sont résignés, tellement c’est une zone de non-droit où tout le monde s’observe et se marche dessus ou se tire dans le dos.
La culture n’existe plus, le plaisir des choses simples non plus. Quand le printemps arabe est arrivé, j’ai espéré, mais rien n’est venu de là.

Les difficultés de notre film, les belles idées utopiques de Camus et cette situation, le tout mis bout à bout fait évidemment sens et ça m’a beaucoup affecté. J’ai ressenti un vrai découragement et une totale impuissance. Je me suis donc renfermé sur moi-même et j’ai attendu la fin et n’ai plus communiqué avec mon entourage que par e-mail.
Le carnet de bord que j’ai tenu lors du tournage, j’espère que vous allez pouvoir le lire tout ou en partie, il reflète assez bien mon état d’esprit du moment.

Équipe

Assistant caméra : Sylvain Zambelli
Chef machiniste : Raphaël Jourdan
Chef électricien : Stéphane Bourgoin
Seconde caméra : Luan Amelio
Opérateur Steadicam : Loïc Andrieu
Chef décorateur : Arnaud de Moléron
Créatrice des costumes : Patricia Colin

Technique

Pellicule : Kodak 5219 et 5212
Matériel caméra : Panavision Alga (Arricam Lite, objectifs Cooke S4, zoom Angénieux Optimo 28-76 et 24-290 mm
Matériel électrique : Transpalux
Matériel machinerie : Transpagrip
Laboratoire : Eclair
Superviseur SFX : Bertrand Levallois
Etalonnage final : Aude Humblet