Le cinéma français entre soulagement et inquiétude

par Samuel Blumenfeld

La Lettre AFC n°116

En 2002, Canal+ versera 136 millions d’euros pour les films d’expression originale française. Ce chiffre d’affaires étant indexé sur les 4,5 millions d’abonnés que compte la chaîne, il était à craindre que la perte des droits du football provoque une fuite d’une partie de ces abonnés - estimée à deux millions - vers TPS.
Celle-ci aurait eu pour conséquence de fragiliser à la fois la chaîne et le cinéma français.

Si le bouquet de programmes TPS est soumis aux mêmes obligations vis-à-vis du cinéma que Canal+, il ne sera soumis à la clause de diversité (stipulant qu’une chaîne doit également investir dans des films d’un budget inférieur à 3,2 millions d’euros) qu’à partir du 1er janvier 2003.
Surtout, le prix de l’abonnement à TPS, moins élevé que celui de Canal+, aurait entraîné mécaniquement des aides moins importantes pour le cinéma français.

Pour David Kessler, directeur général du CNC, « le cinéma français a évité la mort rapide avec TPS. Mais Canal+ pourra-t-elle absorber les dépenses du football dans les cinq ans à venir ? »
A y regarder de plus près, la somme importante de 480 millions d’euros versée pour le football, en augmentation de plus de 100 millions, constitue une source d’inquiétude pour le cinéma français.
Si le cinéma français vient d’éviter une union avec un partenaire peu fiable, en poursuivant ses noces heureuses avec Canal+, il retrouve un partenaire fragilisé.
(Samuel Blumenfeld, Le Monde, 15 novembre 2002)