Le cinéma réinventé dans un courant d’air frais

Par Jean-Noël Ferragut, AFC
Supposez que vous avez en partie passé vos vacances d’été - caniculaire selon le ressenti de certains - sur une des côtes du sud de la France. Le ciel a cette teinte azurée faisant sa renommée et, dès les premières heures de la matinée, vous longez les murs encore à l’ombre tout en cherchant le premier musée venu pour vous y engouffrer, histoire de peaufiner votre culture - nul n’est parfait ! - de manière climatisée…

Le musée en question n’est pas le pur fruit du hasard puisqu’il est l’un des cinq qui, dans la bonne ville de Nice, rendent hommage - cinéma oblige - pour leur centième anniversaire aux Studios de la Victorine. En effet, le Musée de la Photographie Charles Nègre abrite jusqu’au 29 septembre 2019 l’exposition "Alain Fleischer - L’image qui revient".
Certes la production de cet artiste, écrivain, cinéaste et photographe « est aussi protéiforme que féconde », selon la formule présentant l’exposition aux visiteurs, mais on pourra trouver - ce n’est qu’un point de vue - que dans ce cadre-ci, son travail de l’image est quelque peu conceptuel. Rappelons que les installations présentées au musée ont pour « souci de traquer ce que l’image photographique et l’image cinématographique peuvent avoir de singulier ».

Par bonheur, une surprise vous attend : au détour d’une cloison séparant deux installations, votre regard est attiré, dans une pénombre savamment dosée, par ce petit bijou de simplicité mécanique qu’est un ventilateur… En pleine chaleur caniculaire l’appareil a du bon, soit, mais que peut-il bien apporter de plus dans un espace climatisé ?
Et là, il ne vous reste plus qu’à saluer l’artiste ! Avec deux fois rien - le portrait d’un visage féminin projeté sur les pales d’une hélice en rotation -, il réinvente pour vous différemment, au cas où vous l’auriez oublié, l’un des principes du cinématographe tel que les frères Lumière et leurs contemporains l’ont mis au point, la succession d’instantanés à un rythme mécaniquement cadencé, donnant ainsi à des images fixes, par simple effet de scintillement dû à l’obturation et à la persistance des images rétiniennes, l’illusion du mouvement.

Alain Fleischer, "Autant en emporte le vent", 1979 - Photo Jean-Noël Ferragut
Alain Fleischer, "Autant en emporte le vent", 1979
Photo Jean-Noël Ferragut

Rien que pour ce petit plaisir de nature ô combien rafraîchissante, l’exposition mérite tout compte fait le déplacement !

"Alain Fleischer - L’image qui revient"
Jusqu’au 29 septembre 2019
Tous les jours de 10h à 18h sauf le lundi
Musée de la Photographie Charles Nègre
1, place Pierre Gautier - Nice (Alpes-Maritimes)

Rappelons que les Studios de la Victorine ouvriront leurs portes au grand public pour trois journées de déambulations créatives à la découverte de "L’Envers du décor", les 27, 28 et 29 septembre 2019.
De plus amples informations sur le site Internet de la Ville de Nice dédié aux 100 ans de la Victorine.