Le directeur de la photographie Denys Clerval, AFC, nous a quittés

AFC newsletter n°266

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Les directeurs de la photographie de l’AFC ont la profonde tristesse de faire part du décès de leur confrère et ami Denys Clerval, survenu jeudi 9 juin 2016 des suites d’une longue maladie, à l’âge de quatre-vingt-deux ans. Très attaché à notre association, dans laquelle il fut bien longtemps impliqué, Denys aimait tant faire partie de la famille des opérateurs, dont il était particulièrement fier d’avoir été celui de Baisers volés (1968) et La Sirène du Mississipi (1969), de François Truffaut, de La Vieille dame indigne, de René Allio (1965), et d’Erendira, de Ruy Guerra (1983).
Denys Clerval, Paris, February 2012 - Photo by Pauline Maillet
Denys Clerval, Paris, February 2012
Photo by Pauline Maillet

Né en 1934, Denys Robert Clerval étudie la prise de vues à l’Ecole de la rue de Vaugirad aux côtés d’Yves Rodallec, Raymond Sauvaire et Claude Zidi, entre autres camarades de la promotion 1953-1955. Il assiste, en compagnie de Jean-César Chiabaut, Sacha Vierny sur Hiroshima mon amour, d’Alain Resnais (1959) et commence sa carrière sur des courts métrages au début des années 1960. Parmi eux, des films de Claude Guillemot, Jean Herman et René Allio, pour qui il photographie La Vieille dame indigne, son premier long métrage en tant que directeur de la photographie.

S’en suivront Baisers volés et La Sirène du Mississipi, de François Truffaut, Les Camisards et Rude journée pour la reine, de René Allio, Erendira, de Ruy Guerra, et L’Annonce faite à Marie, poème visuel d’Alain Cuny dont Caroline Champetier, AFC, et Julien Hirsch, AFC, signeront avec lui la photographie. Daisy et Mona, en 1994, et Les Petits riches, en 1997, réalisés respectivement pour le cinéma et pour la télévision par Claude d’Anna, clôtureront une carrière de quarante et quelques films de fiction.

En 1973-1974, Denys Clerval est producteur délégué de deux émissions consacrées à Henri Alekan et à Claude Renoir et réalisées par Georges Paumier pour une série sur les grands directeurs de la photographie qui n’aura pas de suite.

S’intéressant parallèlement aux lumières de scène, il signe, entre 1974 et 1976, la création lumière de trois pièces de théâtre et d’un ballet, et est l’auteur, en 1992 avec François Porcile, de deux documentaires de 60 minutes consacrés à la lumière au théâtre, Jours et nuits du théâtre, 1- Apprivoiser la lumière, 2- La lumière à l’affiche.

Denys Clerval et l’AFC
Denys Clerval fut l’un des tout premiers membres actifs de l’AFC, et ce depuis sa création, en 1990. Elu au conseil d’administration en 1992, il en est membre jusqu’en 1994. Denys fait partie du comité de rédaction du n° 1 des Cahiers de l’AFC – l’ancêtre préhistorique de la revue Lumières - les cahiers AFC –, publié en juin 1991 (trois autres numéros suivront jusqu’en décembre 1995) et s’implique de nouveau dans le comité de rédaction des numéros 3 et 4 de Lumières.
Dans le n° 3, on peut relire de larges extraits d’un entretien que Denys avait mené en 1991 avec le directeur de la photographie Philippe Agostini en préparation d’une émission qu’il avait l’intention de réaliser sur la passion du métier d’opérateur vue à travers deux générations, celle de Philippe, le père, et de Claude et Yves, ses fils.

Le 7 novembre 2014, Denys participait à une table ronde organisée dans le cadre des Journées Tuffaut par le Conservatoire des techniques cinématographiques de la Cinémathèque française et précédée d’une conférence de Bernard Benoliel et Laurent Mannoni sur la question "Truffaut technicien ?", avec à ses côtés Pierre-William Glenn, AFC, Dominique Le Rigoleur, AFC, Caroline Champetier, AFC , Yann Dedet et Jean-François Stévenin. Voir ou revoir "Tourner, monter" (la vidéo de cette table ronde) sur le site de la Cinémathèque.

Grand cinéphile devant l’Eternel, nous ne croiserons plus sa fragile silhouette, nous ne partagerons plus sa curiosité de cinéma jamais rassasiée, ni aux projections et conférences de la Cinémathèque française – dont il était membre – ni aux avant-premières de l’AFC, dont Denys se faisait un point d’honneur de n’en rater aucune, toujours à l’écoute, avec un mot aimable manifestant l’attention qu’il portait au travail de ses pairs, jusqu’à ce que les effets de sa maladie nous privent petit à petit de sa présence chaleureuse et courtoise. Posant à chacune de ses venues cette question comme une ritournelle, preuve de l’attachement indéfectible qu’il témoignait pour notre vie associative : « Et alors, comment ça va à l’AFC ? ».

Denys a été incinéré au crématorium du Père Lachaise, mercredi 15 juin 2016, et son urne funéraire déposée dans le caveau familial, samedi 18 juin, au cimetière de Montchauvet (Yvelines).

Voir la filmographie complète de Denys Clerval