Le film Kodak 35 mm apporte chaleur et amour à la "Chambre 212"

Rémy Chevrin, AFC, a tourné en pellicule 35 mm Kodak la comédie romantique Chambre 212, de Christophe Honoré, projeté à Un Certain Regard

by Kodak


Chambre 212 est la sixième collaboration entre le réalisateur Christophe Honoré et le directeur de la photographie français Rémy Chevrin, AFC. Toutes leurs collaborations précédentes ont également été tournées en pellicule, dont une série télévisée en 16 mm et des longs métrages en 35 mm, 17 fois Cécile Cassard (2002), Les Chansons d’amour (2007), Les Biens-aimés (2011), nommé aux César, et Plaire, aimer et courir vite (2018), sélectionné pour la compétition du 71e Festival de Cannes.

« Christophe et moi sommes tout simplement amoureux du film 35 mm et des moments sacrés du processus chimique qui donnent de si bons résultats », déclare Rémy Chevrin. « Je n’abandonnerai jamais la pellicule car elle sert toujours si bien le réalisateur et le directeur de la photographie dans le processus narratif. »

Chambre 212 est une coproduction entre le Luxembourg, la Belgique et la France. Les prises de vues principales ont duré trente-deux jours en février et mars 2019. D’abord pour vingt-cinq jours aux studios Filmland à Luxembourg, puis au bord de la mer près d’Ostende (Belgique), et pendant une semaine dans les rues de Paris.
L’immense majorité de l’action se déroulant en intérieur, l’élément clé de la production de Chambre 212 résidait dans la construction du décor aux studios Filmland. Il comprenait la chambre 212 et plusieurs chambres adjacentes, et offrait une vue directe sur l’appartement du couple, de l’autre côté de la rue.

Installation, en studio, devant la façade extérieure de l'hôtel - Photo Jean-Louis Fernandez
Installation, en studio, devant la façade extérieure de l’hôtel
Photo Jean-Louis Fernandez

Les décors ingénieux donnaient l’impression que les chambres de l’hôtel se trouvaient au troisième étage, tandis que l’appartement du couple était situé au deuxième étage, bien que ces décors n’aient en fait été surélevés que de quatre mètres et deux mètres du sol du studio. Le plafond de chaque pièce était suspendu à des palans électriques, afin de pouvoir le lever et l’abaisser, pour permettre les mouvements de caméra et les changements d’éclairage.
Aucun effet spécial ni aucune image numérique n’a été nécessaire pour compléter le décor et créer l’idée que les bâtiments se trouvaient en face l’un de l’autre, même lorsque l’action se déplaçait réellement dans la rue. Rémy Chevrin a tourné toutes les images du film sur le plateau, avec un cadrage précis et une lumière raccord créant l’effet voulu.

« Le film est essentiellement un voyage fantastique dans l’esprit et l’imagination de Maria, et nous voulions qu’il soit chaleureux et invitant », explique Rémy Chevrin. « Dans les pièces adjacentes à la chambre 212, Maria rencontre sa mère, sa grand-mère et même son mari, à différentes époques - telles que les années 1950, 1960, 1970 et 1990 - tandis que le film décrit lentement la vie du couple, leurs moments heureux et leurs moments terribles, ce qu’ils ont accompli et ce qu’ils auraient pu faire pour éviter la situation actuelle. »

« La création des couleurs, des textures et des éclairages de chaque pièce a nécessité une collaboration étroite - et beaucoup de plaisir - avec Stéphane Taillasson, le décorateur, Olivier Bériot, le créateur de costumes, ainsi qu’avec les équipes coiffure et maquillage. »

Rémy Chevrin, à la caméra, sur le tournage de "Chambre 212" - Photo Jean-Louis Fernandez
Rémy Chevrin, à la caméra, sur le tournage de "Chambre 212"
Photo Jean-Louis Fernandez

Selon Rémy Chevrin, les comédies de vis-à-vis du réalisateur américain Leo McCarey, les escapades romantiques des films de Sacha Guitry et les derniers films d’Alain Resnais, qui explorent la relation entre la conscience, la mémoire et l’imagination, ont été des références importantes dans la narration visuelle de Chambre 212. L’éclairage chaleureux et invitant d’Ed Lachman, ASC, sur les plans d’intérieurs en studio de Carol (2015), a également été une source d’inspiration. Rémy Chevrin et Christophe Honoré se sont également intéressés à un certain nombre de films expérimentaux, aux univers de David Lynch et Alain Renais, pour élaborer des plans en plongée totale et montrer les différentes chambres comme des boîtes dans le décor.

Rémy Chevrin a aussi cadré la caméra pendant la production, assisté d’Olivier Servais pour la mise au point, et du deuxième assistant opérateur Martin Rossini, du chef machiniste Jean-François Roqueplo et du chef électricien Kevin Dresse. Il a cadré une ArriCam Studio au format 1,85:1, principalement avec les focales fixes Summilux de Leitz, montée sur chariot ou de petits bras de grue. Un système de câble X-Fly 1D, fourni par XD motion et exploité par Benoît Dentan, a été utilisé pour déplacer une caméra numérique équipée de Leitz Summilux au-dessus du décor pour les plans en plongée totale. TSF à Paris a fourni le matériel principal de prise de vues, caméra, objectifs, machinerie et éclairage.

Avec 95 % des plans en effet nuit, Rémy Chevrin a utilisé le film négatif couleur Kodak Vision3 500T 5219 comme support principal de production, et le film négatif couleur Kodak Vision3 250D 5207 pour les quelques plans d’extérieur jour. Le traitement des négatifs et la numérisation 2K ont été effectués au Studio L’Equipe à Bruxelles.

Chiara Mastroianni dans un scène de "Chambre 212" - Photo : Jean-Louis Fernandez
Chiara Mastroianni dans un scène de "Chambre 212"
Photo : Jean-Louis Fernandez

« La Kodak 500T est merveilleuse à utiliser dans des conditions de faible lumière et, en combinaison avec les objectifs Summilux, elle est particulièrement esthétique sur les visages et le rendu des tons chair », explique-t-il. « Cela donne également une merveilleuse sensation de texture grâce au mouvement organique du grain. La 500T contient beaucoup d’informations dans les zones claires et sombres de l’image, ce qui est formidable lorsque vous affinez l’image à l’étalonnage final. » L’étalonnage final a été réalisé par la coloriste Marjolaine Mispelaere chez Mikros Technicolor à Paris.

Rémy Chevrin a tourné la 500T avec la légère diffusion d’un filtre Classic Soft 1/8 et créé la chaleur et les couleurs de l’image, y compris la vapeur de sodium orange de l’éclairage public, grâce à une variété de systèmes d’éclairage à LED adaptables, des Fresnel 2 kW, 5 kW et 10 kW, des Arri SkyPanels, des Aladdins et des Ruby Light - ajoutant parfois une gélatine d’un demi CT Straw (442) devant les projecteurs.
Pour créer une légère sensation de brouillard dans la rue, vue depuis la chambre d’hôtel, il équipe les fenêtres de diffuseurs, généralement d’un 1/8 ou un 1/16 de Hampshire Frost. Dans la rue et à l’extérieur des chambres, il a utilisé une machine à fumée et a filtré la caméra avec un demi Low Fog.

« La valeur artistique que la pellicule apporte au cinéma est inestimable », dit-il. « Chambre 212 est un film sur l’amour, et le plus bel acte d’amour pour le film a été de lui offrir la tendresse et la douceur de la pellicule. »

(Traduit de l’américain par Laurent Andrieux pour l’AFC.)