Le groupe des 13 présente son rapport sur "les films du milieu"

et font douze propositions principales.

Aujourd’hui, au Cinéma du Panthéon, le groupe des 13*, créé à l’initiative de la cinéaste Pascale Ferran et composé de différents acteurs du cinéma indépendant, a présenté son rapport. Ce rapport a pour objectif de "mieux comprendre les difficultés d’un certain cinéma en France et d’essayer d’y apporter quelques réponses".

Ce travail est parti d’un constat alarmé quant à l’état actuel du cinéma en France, tant en matière de production que d’exploitation, de distribution, de création. « Beaucoup de gens se sont reconnus dans le petit discours que j’avais tenu aux César (suite aux prix reçus par Lady Chatterley, Ndlr) », rappelle Pascale Ferran. Un groupe de travail s’est ensuite constitué " par capillarité ", composé de 13 personnes au départ. Le groupe s’est ajourd’hui élargi à 73 professionnels.

Le groupe a abouti à la rédaction d’un rapport très complet de près de 200 pages mais qui ne se veut pas exhaustif. « Nous ne cherchions pas à être représentatifs de l’ensemble de la profession, nous voulions simplement produire une pensée avec la plus grande liberté de parole possible », explique Pascale Ferran qui indique également que ce document comporte quelques points aveugles, telles les questions des financements régionaux, de la cinéphilie en 2008, ou encore de la place de la presse de cinéma.

« Nous espérons ouvrir un beau chantier de réformes », a poursuivi la cinéaste, avec quelques mesures qui peuvent être prises rapidement et une réflexion qui doit être approfondie. Le rapport a déjà été transmis au CNC et le sera rapidement au ministère de la Culture et de la Communication. La directrice générale du CNC avait déjà salué hier, lors de la présentation du bilan de la production 2007, le travail réalisé par le groupe.

Douze propositions principales, destinées à " refonder le modèle français de soutien " du cinéma et à réunifier la chaîne de création en mettant le cinéma au cœur de toutes les préoccupations, sont proposées par le rapport.

Afin de "redonner au producteur de nouvelles capacités d’investissements et reconnaître à sa juste valeur sa place d’entrepreneur de films", le rapport propose que "l’intégralité du Fonds de soutien automatique production généré par un film" revienne au seul producteur délégué. Afin de revaloriser financièrement et symboliquement le scénario, il préconise que 7,5% de ce fonds soit réservé à l’écriture.

Pour " resolidariser les films entre eux, en améliorant la fonction redistributive du système de soutien à la production ", le groupe propose de modifier le " barème de répartition du Fonds de soutien automatique production ".

Les 13 défendent le doublement de la dotation de l’avance sur recettes et la réformation de ses collèges.

Dans le but d’aider les films n’ayant pas de financement de chaînes de télévision en clair, une " majoration de 25 % du Fonds de soutien automatique distribution " est préconisée pour les distributeurs investissant un MG dans les films d’initiative française.

Pour atténuer la distorsion de concurrence occasionnée par les filiales de distribution des groupes diffuseurs (chaîne d etélévision et groupes de télécommunications), il est proposée de supprimer l’accès au Fonds de soutien automatique distribution aux filiales de distribution de sociétés de diffusion.

En outre, les 13 souhaitent qu’un label " distributeur indépendant " soit créé. Seuls les distributeurs ayant ce label pourraient obtenir les aides sélectives du CNC et la contribution de Canal+.

Concernant l’exploitation, le rapport préconiser la mise en place " d’une taxe de 5,5 % sur toutes les marges arrières (confiserie, écrans publicitaires, promotion des films dans les salles) ". Cette taxe permettrait d’abonder l’assiette du CNC et de financer l’équipement numérique des salles indépendantes et la dotation de l’avance sur recettes.

Afin de " rétablir l’équilibre des forces entre les groupes d’exploitation et l’ensemble de la filière " est proposée " l’indexation du prix de référence sur l’augmentation du prix des cartes d’abonnement illimitées à l’achat " et "le partage des recettes 50-50 entre exploitants et ayants droit les trois premières semaines d’exploitation".

Le groupe souhaite que le calcul de l’aide sélective à l’art et essai soit modifié et que les meilleures pratiques d’accompagnement des films en salles soient valorisées.

Enfin sont proposées la création d’un fonds de soutien automatique à l’export (au sein du CNC) et d’une prime au succès pour les réalisateurs, calculée sur le nombre de territoires vendus à l’international.

(*) Composition du club des 13 : Cécile Vargaftig (scénariste), Jacques Audiard, Pascale Ferran, Claude Miller (cinéastes), Denis Freyd, Arnaud Louvet, Patrick Sobelman, Edouard Weil (producteurs), Fabienne Vonier (distributrice), Stéphane Goudet, Claude-Eric Poiroux, Jean-Jacques Ruttner (exploitants), François Yon (exportateur).

Source, Le film français.