Le jury de la Caméra d’Or au Festival de Cannes 2012

Par Rémy Chevrin, AFC

by Rémy Chevrin AFC newsletter n°221

Chaque année, un directeur de la photographie membre de l’AFC prend place au sein du jury de la Caméra d’Or. Cette année, notre confrère Rémy Chevrin a relevé le défi et nous livre ses impressions.

Un équipe chaleureuse et pleine d’humour composait cette année le jury de la Caméra d’Or au Festival de Cannes 2012 :
Le président Carlos Diegues, cinéaste brésilien de renommée à qui l’on doit le merveilleux Chica Da Silva, plein d’humour, de liberté et d’esprit subversif (je vous le conseille fortement car le film est sorti en 1976 en plein milieu de la dictature répressive brésilienne).
Le réalisateur Michel Andrieu, dont on connait les œuvres à travers Bastien et Bastienne ou encore Le Voyage (représentant la SRF) ; le critique cinéma Francis Gavelle, incontournable voix de Radio Libertaire dont la passion et l’émotion vibrante envers le 7e art ne sont plus à démontrer (représentant le Syndicat Français des critiques de film) ; la chroniqueuse et journaliste italienne, Gloria Satta du Messagero, bercée par le cinéma italien noir et le renouveau des années 1980 ; et Hervé Icovic le directeur de Alter Ego, société de doublage de film qui travaille en particulier avec Michael Haneke et Roman Polanski (représentant de la FICAM) ; le dernier juré représentant l’AFC.
Six jurés pour un seul et unique prix la Caméra d’Or décernée au meilleur premier film toutes sélections confondues : la Quinzaine des réalisateurs, la Semaine de la Critique, Un Certain Regard, et les Séances spéciales.

Mais quelle difficulté !!! Qu’est ce que le meilleur film ? Le plus politique ? La plus belle facture ? Le plus juste ? Le plus sincère ?... Eh bien plutôt un mélange de tout cela en mettant en avant celui qui nous a le plus ému, bref, comme dit Thierry Frémaux, le meilleur pour chacun d’entre nous, c’est celui qui nous touché dans notre cœur... bien que décerner un prix tel que la Caméra d’Or est finalement hautement symbolique, un espoir fort pour une cinématographie naissante, il est vrai que l’on se pose la question de ce prix et de sa signification et que l’on doit réfléchir au sens que donne de remercier tel ou tel film...
Il y en a tellement de bien de fort et d’émouvant, de juste et de sincère.

Je tiens à saluer les délégués généraux Edouard Waintrop de la Quinzaine, Charles Tesson de la Semaine et Thierry Frémaux d’Un Certain Regard qui nous ont offert cette année un panel exceptionnel de films du monde, alternant documentaire et fiction, parfois le mélange des deux, mais aussi drame social et animation sans oublier la comédie. L’ensemble des films sélectionnés a permis de comprendre ce que représentait l’arrivée de nouveaux réalisateurs venus de différentes parties du monde (il faut malheureusement noter qu’il n’y avait aucun représentant du cinéma africain et assez peu d’Asie) et d’exposer au public nombreux et enthousiaste mais aussi au Jury, une proposition de cinématographie riche et variée.

Etalés sur neuf jours de projection, les 25 films prétendant à la Caméra d’Or ont été visionnés avec curiosité et intérêt par le Jury entre 8h parfois et minuit d’autre fois... ce qui ne nous laissait que peu de temps pour profiter des sélections parallèles que nous n’avions pas à juger. La course aux projections fut lancée le jeudi 17, alternant les salles du Palais, la salle Debussy ou Buñuel avec les salles du Miramar et du Théâtre Croisette sans oublier les incontournables salles de Cannes comme la salle du Soixantième ou les Arcades.

Notre président de jury nous a proposé de pré-délibérer tous les deux jours autour de six à huit films afin d’avancer dans notre réflexion sans défavoriser les premiers films vus en début de festival. J’avais adopté comme attitude de ne pas lire les dossiers de presse, ni même les quelques résumés que l’on pouvait trouver ça et là afin de me préserver de tout préjugé sur le sujet et la nationalité du réalisateur : quelle incroyable expérience que de rentrer dans une salle sans rien savoir sur le film qui va être projeté, une sensation tout à fait nouvelle, un peu comme si j’étais vierge de toute réflexion, dans une grande naïveté de spectateur... Cela me semblait le meilleur moyen de rentrer dans le film sans à priori, avec juste le plaisir et l’expérience de la salle... Je crois que je réitèrerai cette expérience nouvelle... Entrer dans une salle au hasard de mes déambulations dans Paris (ou ailleurs)... C’est une merveilleuse façon de rencontrer un cinéma différent et non formaté...

Nous avons été surpris par des thèmes récurrents quelque soit la nationalité du film: la famille, l’homme et la nature et enfin les conflits ethniques. Tous ces thèmes repris par les jeunes réalisateurs ont permis de mieux comprendre les enjeux de chacun des pays représentés ainsi que les rapports charnels des cinéastes à l’art cinématographique.

Une séance spéciale en bord de mer pour une projection en plein air pour agrémenter et pimenter la soirée.

Un dernier mot pour l’équipe d’organisation de la Caméra d’Or qui nous a si bien accueillis : Stephane Letellier, Olivier Gaudron, Catherine Azmabre, Jean-Marc, Sophie, Amélie, Edouard ainsi que Jacques et Fred qui ont su à tout moment nous guider, nous retrouver !!!, nous abreuver de mets divers et variés mais aussi de douces et pétillantes boissons... Un grand merci aussi à Thierry Frémaux qui a su nous guider dans notre travail pur nous organiser et ne pas nous perdre dans la méthodologie du jury.