Les Affamés

Les Affamés est un coup de gueule d’une génération à qui l’on a dit : « Faites des études, vous aurez du travail » mais qui, une fois les études terminées, ne trouve que des stages, des petit boulots alimentaires, voire Pôle emploi…

La première fois que j’ai rencontré Léa, elle m’a parlé de Sydney Lumet. Je lui ai parlé d’Instagram et de Théo Gosselin, un photographe français. Elle m’a dit aussi : « J’aime bien l’idée que mon chef op’ ait le même âge que mon père ». Je lui ai répondu que la réalisatrice avait le même âge que mon fils.

De là, sont partis les fondements du film. Une collaboration entre deux générations. Du neuf et du vintage. Ancien et moderne.

J’ai choisi une Alexa SXT+, mais avec des Zeiss Standard Anamorphiques, adaptés par Technovision (dans les années 1980, je crois..) et dénichés chez Panavision. Ils me plaisaient bien. Ils sont pleins d’imperfections. Ils correspondaient bien à l’image que je voulais donner au film. En lumière, j’ai pris des PARs 64 et des SkyPanels.

Louane Emera - Capture d'écran
Louane Emera - Capture d’écran

Presque la moitié du film (et du tournage, du coup) se passe dans une collocation où atterrit notre personnage principal, Zoé, interprété par Louane Emera. La production a loué un immeuble entier dans le 7e arrondissement de Paris, on a pu y construire l’appartement du copain où l’histoire démarre, l’appartement de la mère de la meilleure amie de Zoé, l’appartement du coloc’ et la chambre de bonne où l’histoire se termine… Le deuxième étage était consacré au stockage du matériel et le quatrième à l’HMC. Presque un studio sur place.

Capture d'écran
Capture d’écran

On s’est beaucoup référé aux photos de Théo Gosselin. Son travail parle d’une jeunesse qui voyage, fume des cigarettes, joue de la guitare, vit en communauté. C’était exactement le monde que l’on raconte dans Les Affamés. Je voulais que l’on sente le caractère éphémère de la vie de ces jeunes, un peu comme des coucous, dans un endroit que d’autres ont conçu. Un appartement haussmannien, anciennement bourgeois, mais décoré avec des objets chinées ou trouvés dans la rue. De même que pour les lampes. Le canapé en cuir des années 1980 défoncé était un élément primordial. Le papier peint d’une autre époque, usé aussi. On voulait se mettre dans leur monde. Samantha Gordowski à la déco a fait un travail formidable pour traduire cette ambiance.

Les intérieurs sont presque toujours éclairés avec des lampes praticables. Beaucoup de scènes de jour ne sont tournées qu’avec la lumière du jour, sans apport supplémentaire…

Les scènes où les jeunes interagissent avec les "adultes" sont tournées de manière plus formelle. Un monde qu’ils n’arrivent pas à intégrer, qui ne veut pas de leurs idées.

Je suis finalement assez content du choix du 2,39:1 pour ce film (je n’étais pas certain au début). On s’est souvent retrouvé avec cinq ou six personnes dans un canapé, dans leur cuisine ou dans des bars. Le Scope nous a permis de filmer les acteurs en groupe, puisque ça aussi est un propos du film.

Les jeunes, ce n’est pas qu’une catégorie d’âge, c’est une classe sociale, comme dit Léa.

Dans le portfolio ci-dessous quelques captures d’écran issues des Affamés.

Équipe

1re assistante caméra : Agnès Jeanneau
2e assistant : Théo Guespin
3e assistante : Bérénice Maigrot
Cadreur deuxième caméra et opérateur Steadicam : Guillaume Quilichini
Réalisateur et opérateur deuxième équipe : Pierre Glémet
Chef électricien : Antoine Lienhard
Chef machiniste : Jérémie Tondowski

Technique

Matériel caméra : Panavision Alga (Alexa SXT+, série Zeiss Standard Anamorphics (Technovision conversion)
Matériel machinerie - lumière : Panagrip - Panalux
Postproduction : M141
Etalonneur : Christophe Bousquet