Les Chevaliers blancs

En septembre 2013, la production (Versus et Les Films du Worso), Joachim Lafosse, Olivier Radot (chef décorateur), Franz Richard (producteur exécutive au Maroc Ali N’Films) et moi-même, sommes partis pour Erfout, dans le désert marocain, afin de visiter des décors possibles pour le film Les Chevaliers blancs, le nouveau projet de Joachim. Le scénario est inspiré du fait divers de "l’arche de Zoé" et est supposé se passer au Tchad pendant la guerre.

Très vite, un site s’est imposé pour le campement et Olivier a imaginé et construit de toutes pièces ce qui allait être, pendant huit semaines, notre espace de jeux principal.
A proximité, la possibilité de fabriquer les villages nécessaires à l’histoire mais aussi la traversée d’Abéché à l’arrivée des protagonistes nous a semblé réalisable et c’est comme ça que rapidement, la décision de faire le film là-bas a été validée.
C’est pour ce tournage que j’ai découvert la RED Epic Dragon, comme déjà dit ultérieurement j’ai été particulièrement séduit par son rendu, par ses couleurs et par sa texture, spécialement lorsque je l’utilise à 2 000 ISO mais en plus, pour ce film où nous devions tourner à l’intérieur de voitures et d’avions, l’ergonomie de la caméra allait beaucoup m’aider.

Quelques semaines avant le début du tournage, je suis allé faire des tests sur place. En fabriquant des plans que Joachim et moi avions évoqués durant la préparation, j’ai pu explorer la grande capacité de cette caméra à enregistrer une forte dynamique avec des passages ext-int sans changement de diaph, des intérieurs voiture avec un contraste très élevé, également le rendu des couleurs des vêtements, Pascaline Chavanne, la créatrice de costume, m’avait prêté plusieurs chemises choisies pour le film, mais aussi me confronter à un problème assez préoccupant pour moi, comment filmer des visages très clairs (par exemple, Louise Bourgoin ou Valérie Donzelli) avec des visages très sombres (comme Bintou Saleh ou Tatiana Rojo).

Panavision France, Oualida Bolloc’h et Olivier Affre m’ont beaucoup aidé pour ces essais, j’avais avec moi un 50 mm Anamorphique série G, série C et Primo sphérique.
Après traitement au labo M141 et projection des ces tests dans une salle de cinéma, Joachim, les producteurs et moi avons convenu de tourner le film avec la série G. Nous avons également, grâce à ces tests, décidé de tourner en 6K 5:1, ce qui permettait d’avoir des fichiers de très bonne qualité mais pas trop lourds, le problème du stockage au milieu du désert est quelque chose à considérer avec attention. Pendant le tournage, les rushes étaient traités au labo et faisaient des allers-retours sur disques durs.

Nous voulions le film coloré et chaud pour rendre le sentiment du Tchad mais aussi pour ne pas alourdir le sujet du film par l’image. Capturer la chaleur et la poussière faisait partie de nos ambitions filmiques et notre collaboration s’est faite dans ce sens. Nous avons aussi pris la décision de filmer entièrement à l’épaule (nous n’avons pas emporté de pied ni de tête caméra) et à deux caméras (Julien Bureau m’a accompagné, avec tout son talent, pour cadrer la deuxième caméra). Joachim et moi avons aussi fait le choix de privilégier les hautes lumières ; l’effet de surexposition ne nous convenait pas pour ce film et j’ai donc silhouetté plus que d’habitude les personnages dans certaines situations, comme les intérieurs voiture.
Il y a eu un grand travail de complicité entre l’équipe d’Olivier Radot, mon chef électro Vincent Piette (avec Brahim El Mazrhi et Driss Jail) et moi afin de rendre le campement filmable de jour comme de nuit, les lumières de jeu comme les fluos apparents ou les poteaux éclairant m’ont beaucoup aidé pour toujours trouver des fonds sur lesquels m’appuyer.

L’équipe caméra, emmenée par mon assistant Amaury Duquenne (avec qui je collabore depuis vingt ans puisqu’il était second assistant caméra quand j’étais AC pour les frères Dardenne) et l’équipe machinerie de Mohammed El Oirdi (Simo) ont eu fort à faire pour lutter contre le sable mais aussi pour gérer la mise au point compliquée due au peu de profondeur de champ (diaph souvent de 2,8 1/2), le résultat parle pour eux.

Dans le portfolio ci-dessous, quelques photogrammes des Chevaliers blancs.

Portfolio

Équipe

1ers assistants opérateurs : Amaury Duquenne et David Reinhard
Chef électricien : Vincent Piette, assisté de Brahim El Mazrhi et Driss Jail
Chef machiniste : Mohammed El Oirdi (Simo)

Technique

Matériel caméra : Panavision Alga (Red Epic Dragon, série G anamorphique)
Matériel lumière et machinerie : Eye-Lite
Laboratoire : M141
Etalonnage : Richard Deusy